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               La vision floue est le symptôme oculaire lié à la dengue le plus souvent signalé, suivi de la douleur scotomique et oculaire,
               qui peut être diffuse ou rétrobulbaire. Les complications oculaires de cette maladie sont plus fréquentes dans le segment
               postérieur, particulièrement dans la macula. Les manifestations comprennent les hémorragies rétiniennes, l’œdème
               maculaire, la fovéolite, la vasculite, l’occlusion vasculaire et la neuropathie optique. Les complications du segment an-
               térieur comprennent les hémorragies sous-conjonctivales, l’uvéite avec et sans injection ciliaire et l’approfondissement
               de l’angle de la chambre antérieure avec le risque de fermeture aiguë de l’angle. Les patients ayant une perte importante
               de vision ou une atteinte bilatérale peuvent être traités avec des stéroïdes systémiques et occasionnellement avec des im-
               munoglobulines afin de réduire au minimum les dommages liés à l’inflammation; cependant, la plupart des complications
               ophtalmiques liées à la dengue se résorbent sans traitement.  Puisqu’aucun vaccin ni médicament précis n’existe pour
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               traiter la dengue, des précautions devraient être prises lorsqu’on voyage dans des régions où le virus est endémique. 22
               CHIKUNGUNYA
               La fièvre chikungunya, causée par le virus Chikungunya, est le plus souvent propagée par les moustiques Aedes aegypti
               et Aedes albopictus. Après une période de quiescence, le virus a de nouveau fait son apparition au cours de la dernière
               décennie dans plusieurs régions, notamment en Afrique, en Amérique du Nord et du Sud, en Asie, en Europe et dans
               les océans Indien et Pacifique.  Les symptômes liés à cette infection comprennent une apparition abrupte de douleurs
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               articulaires importantes, pouvant être débilitantes, une fièvre, des frissons, des maux de tête, des douleurs musculaires
               et une éruption. L’apparition des symptômes survient habituellement de 4 à 8 jours après l’infection par le moustique. 7

               L’inflammation oculaire est une complication rapportée de la fièvre chikungunya et se manifeste couramment sous
               forme d’uvéite antérieure granulomateuse ou non granulomateuse. Les personnes infectées peuvent également
               présenter une injection conjonctivale et une photophobie. On a également signalé des cas de kératite, d’épiscléite,
               de rétinite avec hyalite, de neurorétinite, de choroïdite multifocale, de panuvéite et de névrite optique. Les com-
               plications secondaires de l’inflammation oculaire comprennent la paralysie du sixième nerf, l’occlusion de l’artère
               rétinienne centrale, le décollement exsudatif de la rétine et le glaucome.  L’inflammation oculaire liée à la fièvre
                                                                        24
               chikungunya répond bien à la corticothérapie sur une période de 6 à 12 semaines et, si elle est traitée de façon
               précoce, elle peut se résorber avec une bonne issue de la vision. 24,25  La prise en charge des symptômes systémiques
               comprend la diminution de la douleur et la prévention de la déshydratation.

               Il n’y a pas de vaccin pour prévenir l’infection par le virus Chikungunya; par conséquent, pour limiter la propaga-
               tion de celui-ci, les personnes infectées doivent prendre des précautions contre les piqûres de moustiques. Le virus
               est présent dans le sang au cours de la première semaine de l’infection et peut être transmis aux moustiques et à
               d’autres personnes pendant cette période. 23

               DIROFILARIASE
               La dirofilariase humaine est une maladie zoonotique rare à transmission vectorielle qui est souvent causée par Di-
               rofilaria repens et Dirofilaria immitus. D. repens est un parasite sous-cutané présent chez les animaux domestiques
               dans les climats chauds et humides. La maladie est transmise à l’homme par la piqûre d’un moustique infecté Ae-
               des, Anopheles, Mansonia ou Culex. 26-28  Les symptômes attribuables au parasite D. repens comprennent des lésions
               bénignes sous-cutanées sur le visage, la paroi de la cage thoracique, les bras, les cuisses, la paroi abdominale et les
               organes génitaux masculins. Entre 30 et 35 % des infections liées à D. repens apparaissent dans la région oculaire.

               Dans la plupart des cas de dirofilariase oculaire, il y a infestation des tissus périoculaires. Dans environ 60 % des cas
               signalé’ chez l’humain, les parasites se trouvaient sous la conjonctive dans des nodules ou des kystes qui croissaient
               au fil du temps.  Des lésions peuvent également se trouver sur la paupière, où elles ont été signalées comme étant
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               la cause de la cellulite préseptale. Les symptômes dépendent du foyer d’infection, mais comprennent généralement
               la douleur et la rougeur.  Le traitement de la dirofilariase oculaire consiste en l’excision complète de la lésion. Le
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               diagnostic définitif est confirmé par un examen histopathologique au microscope du ver excisé par chirurgie. 30
               PRÉVENTION
               Le nombre de personnes infectées par des maladies transmises par les moustiques peut augmenter à la suite de mul-
               tiples facteurs comme la mondialisation des déplacements et les problèmes sociaux et environnementaux.  Le confine-
                                                                                              1
               ment précoce des éclosions est essentiel pour réduire la transmission et la propagation de ces maladies. L’Organisation
               mondiale de la Santé continue d’aider les pays en améliorant la surveillance des maladies, en élaborant de nouveaux
               mécanismes pour réduire la propagation des maladies et en sensibilisant les gens à la reconnaissance de celles-ci.






               CANADIAN JOURNAL of OPTOMETRY    |    REVUE CANADIENNE D’OPTOMÉTRIE    VOL. 80  NO. 2           29
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