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Environnement bancaire et monétaire

            Si le mal être est le luxe des pays nantis, le développement durable tient pour les pays les plus
            pauvres dans la capacité à maintenir les capacités humaines élémentaires à se nourrir, procréer, et
            avoir  une  instruction  minimale,  d'où  le  nouvel  indicateur  apparu  dans  le  rapport  de  1996  :  il
            s'appuie sur le taux d'enfants de moins de cinq ans présentant une insuffisance pondérale, le taux
            de naissances non suivies par du personnel qualifié de santé, le taux d'analphabétisme chez les
            femmes âgées de 15 ans et plus. Cet        "indicateur de pénurie de capacité" ne concerne que les
            101 pays en voie de développement. Ainsi si le Népal est le plus pauvre. On trouve dans le tiers
            inférieur la Côte d'Ivoire et le Maroc. Cet indice oppose ainsi les " capacités" aux performances
            économiques, en particulier au revenu.
            D'autres indicateurs synthétiques pourraient être produits et élargir l'IDH en suivant les nouveaux
            produits du développement : bonne gestion publique, capacité à la gestion et à l'internalisation du
            développement,  développement  communautaire  décentralisé,...  le  risque  est  grand  de  voir  les
            indicateurs du développement décréter les problématiques des réunions d'experts à Washington
            ou New York.

            7.6  L’agenda du développement

            Il  s’agit  d’examiner  les  principales  insuffisances  des  théories  du  développement  et  donc  les
            différents domaines laissés pour compte après 25 ans de pensée  et de politiques libérales  dans
            les pays en développement.


            a. Plaidoyer pour des réformes de « seconde génération » dans les pays en développement

            L’échec  du  "consensus  de  Washington"  sur  lequel  reposait  les  programmes  d’ajustement
            structurel  de  la  Banque  Mondiale  et  du  Fonds  Monétaire  International  (FMI)  n’est  plus  à
            démontrer. Dans tous les pays où on a expérimenté ces réformes, on a assisté à un ralentissement
            sinon une chute des taux de croissance économique (voir le cas des pays les moins avancés). La
            baisse de la croissance a accentué la marginalisation et la pauvreté dans ces pays. Les programmes
            d’ajustement  n’ont  pas  induit  les  types  de  changements  de  structures  associés  avec  le
            développement (couverture des besoins de l’homme, amélioration des capacités des hommes,…).
            La "crise financière" asiatique de la fin des années 1990 et le traitement standard prescrit par le
            FMI ont renforcé les doutes.
            L’appel vient aujourd’hui de l’intérieur même des institutions financières internationales. Il s’agit
            d’aller  "au-delà  du  consensus  de  Washington"  et  d’adopter  des  "réformes  de  seconde
            génération".    Ces  dernières  doivent  placer  le  développement  durable  au  centre  de  leurs
            préoccupations  (croissance  avec  plus  d’équité  sociale,  la  durabilité  environnementale,…).
            L’ajustement    doit  stabiliser  l’économie  et  préparer  la  croissance  économique.  Il  ne  peut
            aucunement devenir  la seule forme de gestion de l’économie sur le long terme.


            b. Réhabilitation du rôle de l’Etat dans  une économie ouverte sur le monde

            Il s’agit de procéder à une nouvelle lecture de la période interventionniste, qui a en fait connu des
            taux de croissance bien supérieurs à ceux de l’époque actuelle de globalisation. Les stratégies de
            développement  tournées  vers  le  marché  intérieur  (dites  de  substitutions  aux  importations),  si
            décriées, ont bel et bien été le premier pas vers l’industrialisation d’un bon nombre de pays en
            développement.  Loin  d’être  systématiquement  des  repères  d’inefficacité  à  l’abri  du
            protectionnisme, les industries créées présentaient assez souvent des taux de productivité élevés.
            L’intervention  de  l’Etat  a  également  permis  de  grandes  avancées  en  matière  de  santé  et
            d’éducation.


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