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Environnement bancaire et monétaire                                   Diplôme des Métiers de Banque
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           Pour en savoir plus :

           Pays en voie de développement dans l’économie mondiale

           Mais aujourd’hui force est de constater que les contraintes pèsent surtout sur les pays pauvres. En
           effet, poser la question environnementale à l'échelle mondiale oblige les décideurs à transcender
           non seulement le conflit entre environnement et développement, mais aussi celui tenant au fait
           que la menace écologique a pour origine les pratiques des pays riches (une exploitation incontrôlée
           des  ressources  un  peu  partout  à  travers  le  monde),  dont  les  conséquences  potentiellement
           catastrophiques  ont  été  révélées  par  les  experts  scientifiques  de  ces  pays.    Mais  les    mesures
           contraignantes proposées pèsent, au moins en valeur relative, principalement sur les pays pauvres :
           il leur sera demandé tout à la fois d'investir dans des technologies industrielles " propres " qu'il
           faudra acheter au prix fort dans des pays déjà industrialisés, de renoncer à des pratiques classiques
           (brûlis) dont certaines sont à la base de leurs ressources et de leurs revenus (élevage dans les parcs
           et réserves, chasse…), tandis que la généralisation de mesures centrées sur le marché (  avec les "
           droits  à  polluer  "  ou  la  brevetabilité  du  vivant),  a  pour  résultat  net  d'aggraver  les  contraintes
           supportées par les populations du Sud, confrontées à de nouvelles formes d’exploitation.

           e. Redéfinition de la relation entre l’Etat et la société civile

           Une des critiques majeures adressées à la pensée et aux politiques de développement étaient leur
           silence sur la base sociale de l’Etat.
           Certains  "pionniers"  du  développement  se  prononçaient  même  ouvertement  pour  un  régime
           autoritaire.  Le  développement  était  vu  comme  un  "sentier  escarpé"  qui  exigeait  des  mesures
           drastiques, promises à l’impopularité et donc peu susceptibles d’être appliquées dans un régime
           démocratique.  Ce  penchant  autoritaire  a  sacrifié  certaines  valeurs  (droits  de  l’homme,  la
           démocratie, …) au nom du développement

           Après plus de 50 ans de politiques de développement, on constate que l’Etat n’est pas un acteur
           bienveillant qui poursuivait de façon désintéressée des objectifs de développement au nom de la
           société.
           Aujourd’hui l’un des principaux défis du développement est de construire entre l’Etat et la société
           un lien favorable au développement, qui soit démocratique, socialement inclusif, et durable sur le
           plan environnemental.
           La  complexité  des  problèmes  doit  conduire  à  des  mutations  profondes  dans  les  relations
           Etat/société.
           De  plus  en  plus,  les  pouvoirs  publics  sont  amenés  à  diversifier  leurs  moyens  d’action  et  à  en
           imaginer d’autres. Ces mutations deviennent une nécessité, car les autorités publiques sont de plus
           en plus confrontées aux limites de la régulation verticale et étatiste : erreurs de tir à cause d’une
           mauvaise hypothèse d’intervention ou d’une théorie erronée de l’action de la politique publique,
           obstacles  dans  la  mise  en  œuvre  des  décisions  publiques,  réactions  imprévisibles  du  public
           concerné par une action, …
           Donc  les  politiques  de  l’Etat  doivent  être  désormais  conçues  comme  des  réseaux  d’action.  Elles
           doivent s’inspirer des méthodes de gestion basées sur la gouvernance.
           La gouvernance favorise les interactions Etat-société. Elle offre un mode de coordination entre des
           acteurs sociaux caractérisés par la multiplicité et la fragmentation.  Elle oblige l’Etat à gouverner
           avec d’autres acteurs de la société civile (association, organisations non gouvernementales, …).

           Les  relations  verticales  entre  l’Etat  et  la  société  doivent  glisser  vers  des  relations  de  type
           transversales.




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