Page 266 - Constant, Alphonse-Louis (1810-1875). Dogme et rituel de la haute magie (Nouv. éd.) par Eliphas Lévy. 1930.
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maison isolée ils avaient très faim et ne trouvèrent
amanger qu'une jeune oiefort petite et très maigre.
C'était trop peu pour trois personnes; la partager
c'eût été aiguillonner seulement la faim sans la
satisfaire. Ils convinrent de la tirer au sort; mais,
comme iis tombaient de sommeil Allons dormir
d'abord, dit Jeschu, pendant qu'on préparera le
souper; a notre réveil nous nous raconterons nos
songes, et celui qui aura fait le plus beau rêve
mangera tout seul la petite oie. Ainsi fut fait. Ils
dorment et se réveillent. Moi, dit saint Pierre, j'ai
rêvé que j'étais le vicaire de Dieu. Moi,dit Jeschu,
que j'étais Dieu même. Et moi, reprit hypocrite-
ment Judas, j'ai rêvé qu'étant somnambule je me
relevais, je descendais doucement, je retirais
l'oie de la broche et je la mangeais. JLà-dessuson
descendit; mais l'oie avait effectivement disparu
Judas avait rêvé tout éveilla (1).
Cette légende est une protestation du positivisme
juif contre le mysticisme chrétien. En effet, pen-
dant que les croyants se livraient à de beaux rêves,
(<) Cetteanecdotesetrouve,nondansle textemêmedu
Sepher Toldos maisdansles commentaires rabbini-
Jeschut,
ques decet. ouvrage.
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