Page 266 - Constant, Alphonse-Louis (1810-1875). Dogme et rituel de la haute magie (Nouv. éd.) par Eliphas Lévy. 1930.
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LE (jRANH  OEUVRE.          957
                    maison isolée  ils avaient très faim et ne trouvèrent

                    amanger qu'une jeune  oiefort  petite  et très  maigre.
                    C'était  trop peu pour  trois  personnes;  la  partager
                    c'eût été  aiguillonner  seulement la faim sans la
                    satisfaire. Ils convinrent de la tirer au  sort; mais,
                    comme iis tombaient de sommeil   Allons dormir
                    d'abord, dit Jeschu, pendant qu'on préparera  le
                    souper;  a notre réveil nous nous raconterons nos
                    songes,  et celui  qui  aura fait le  plus  beau rêve
                    mangera  tout seul la  petite  oie. Ainsi fut fait. Ils
                    dorment et se réveillent.  Moi,  dit saint  Pierre,  j'ai
                    rêvé  que j'étais  le vicaire de Dieu.  Moi,dit  Jeschu,
                    que j'étais  Dieu même. Et moi,  reprit hypocrite-
                    ment  Judas, j'ai  rêvé  qu'étant  somnambule  je  me

                    relevais, je  descendais  doucement, je  retirais
                    l'oie de la broche et  je  la  mangeais. JLà-dessuson
                    descendit;  mais l'oie avait effectivement  disparu
                    Judas avait rêvé tout éveilla  (1).
                      Cette  légende  est  une protestation  du  positivisme
                    juif  contre le  mysticisme  chrétien. En  effet,  pen-
                    dant  que  les  croyants  se livraient à de beaux  rêves,



                      (<) Cetteanecdotesetrouve,nondansle textemêmedu
                    Sepher Toldos     maisdansles commentaires rabbini-
                               Jeschut,
                    ques decet. ouvrage.
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