Page 42 - Constant, Alphonse-Louis (1810-1875). Dogme et rituel de la haute magie (Nouv. éd.) par Eliphas Lévy. 1930.
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34 DOGME ET MTUEL DE LA HAUTE MAGIE.
clefs de l'avenir et l'empereur, armé du glaive,
étendait sur les troupeaux que poussait en avant
la houlette des pontifes le bras de fer de la néces-
sité, qui assurait et réglait la marché de l'huma-
nité dans les voiesdu progrès.
Qu'on ne s'y trompe pas, le mouvement reli-
gieux de notre époque, commencé par Chateau-
briand, continué par Lamennais et Lacordaire, ce
mouvement n'est pas rétrograde et ne donne pas
tort à l'émancipation de la conscience humaine.
L'humanité s'était révoltéecontre lesexcèsdu mys-
ticisme, qui, en affirmant la liberté absolue de
Dieusans admettre enlui aucune nécessité, anéan-
tissait la justice éternelle et absorbait la person-
nalité de l'homme dans l'obéissance passive le
Verbe humain, en effet, né pouvait pas se laisser
dévorer ainsi mais les passionsaveuglesessayèrent
de pousser la protestation dans l'extrémité con-
traire, en lui faisant proclamer la souveraineté
unique et absolue de l'individualisme humain. On
se souvient du culte de la Raison inauguré à Notre-
Dame, et des hommes de septembre maudissant
la Saint-Barthélemy. Ces excès produisirent vite
la lassitude et le dégoût; mais l'humanité ne re-
nonça pas pour cela à ce qui avait rendu sa pro-