Page 41 - Constant, Alphonse-Louis (1810-1875). Dogme et rituel de la haute magie (Nouv. éd.) par Eliphas Lévy. 1930.
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DISCOURS PRELIMINAIRE. 33
et mystiques, la plus dangereuse erreur du moyen
âge.
Concevoir en Dieu la nécessité sans liberté, c'est
en faire une machine infinie, dont nous sommes,
malheureusement pour nous, les rouages intelli-
gents. Obéir ou être brisés, telle serait notre
destinée éternelle; et nous obéirions sciemment
à quelque chose qui commanderait sans savoir
pourquoi tristes voyageurs que nous serions, en-
fermés dans les waggons qu'une formidable loco-
motive entraînerait à toute vapeur sur le grand
chemin de l'abîme. Cette doctrine panthéistique,
matérialiste et fatale, est à la fois l'absurdité et la
calamité de notre siècle.
Cette loi suprême de la liberté et de la nécessité
régies et tempérées l'une par l'autre se retrouve
partout et domine tous les faits où se révèle une
vertu, une juste puissance ou une autorité quel-
conque. Dans le monde, qu'avait tiré des ténèbres
de la décadence, et que soutenait sur le chaos de
la barbarie la main providentielle de Charle-
magne, il y avait la papauté et l'empire., deux
soutenus et limités l'un l'autre. La
pouvoirs par
papauté alors, dépositaire du dogme initiateur et
civilisateur, représentait la libérté, qui tient les