Page 178 - Essais de sciences maudites / par Stanislas de Guaita. 1890-1920.
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LE ROYAUME DE DIEU 17S
droit. Mais veut-elle, en fin de compte, ouvrir sous
mes yeux son trésor, dont on mène si grand ta-
page ? Dépositaire, ainsi qu'on le laisse entendre,
du flambeau traditionnel de l'Absolu, que ne fait-
elle rayonner sur le monde cette lumière si belle?
C'est au grand jour de la science qu'une doctrine
sublime acquiert tout son prix; c'est au concours,
à l'exposition comparative des idées qu'elle se juge
et se classe équitablement au seul criterium de la
raison.
Qu'en sais-tu, Prudhomme ? Car c'est toi que
j'ai fait parler. Raison, dis-tu? Le beau mot!
mais tu le traduis aussi par sens commun, et le sens
commun, pour toi, c'est le sens de M. Prud-
homme. Passer sur les génies le niveau égalitaire
de la commune médiocrité, que tu incarnes c'est
là ta coutume avouée, et tu nommes cela: justice.
Un système est absurde, selon toi, quand ton
cerveau ne peut le contenir car tu le crois infail-
lible et compréhensif à l'infini, ton pauvre encé-
phale à tiroirs, mal façonné au moule des catégo-
ries d'Aristote Ignores-tu donc qu'il est des
idées de synthèse, dont le vol d'aigle s'essore d'un
élan à travers toutes les sphères et tu voudrais
les mettre en cage dans quelqu'un des comparti-
ments qui subdivisent ta cervelle ? Ces idées-là,
jamais tu n'en saisiras, jamais tu n'en soupçon-
neras la portée. Grâces à Dieu, d'ailleurs, et tu