Page 179 - Essais de sciences maudites / par Stanislas de Guaita. 1890-1920.
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176 ESSAIS DE SCIENCES MAUDITES
peux en remercier le Ciel As-tu vu jaillir l'étin-
celle dans une fougasse de panclastite ? C'est
ainsi qu'à l'explosion de ces verbes farouches se
disjoindraient, fracassées du coup, les cases de ta
boîte osseuse, pour peu que l'étincelle de ton es-
prit vînt à jaillir dans un effort suprême de com-
préhension. Et ton misérable crâne scholastique
sauterait comme un marron cuit.
J'ai parlé à Prudhomme, au gorille philosophe
qu'enlaidit encore le rictus niais de l'athée, à l'es-
prit fort imbécile qui nie le monde spirituel, au
stercoraire qui nie la rose, à la taupe qui nie le
soleil. Me suis-je laissé emporter à de vaines pa-
roles ? Il se peut.
A présent, je m'adresse au lecteur sérieux, in-
telligent, consciencieux, toujours circonspect, et
lent à prendre un parti soit qu'il conclue à la né-
gation motivée, ou qu'il s'abandonne volontaire-
ment à l'enthousiasme rénéchi. Je dis à celui-là
Prenez garde condenser en langage phoné-
tique toute la vérité, préciser les arcanes suprêmes
en style abstrait, cela ne serait point seulement
inutile, dangereux, sacrilège: c'est impossible. Il
est des vérités d'un ordre sublime, synthétique,
divin, que le Verbe articulé est inhabile à rendre
dans leur plénitude intégrale la seule musique les
fait assentir à l'âme; la seule extase lui en donne
la vision absolue; seul, enfin, le symbolisme éso-