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ARCHEO S HI S TOIRE
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ANDÉ
Vincent Rouen
Si tous les autres villages alentours portent en leur sein des traces de leur antique
occupation, point n’est-ce le cas d’Andé. S’il paraît certain au vu de la dense occupation
dès le néolithique des environs que le site dut être utilisé, aucun témoignage tangible
n’est venu en apporter la preuve. Il semble d’autre part que les communautés antiques
aient préféré une implantation sur ce qui deviendra Muids ultérieurement. Il est
d’ailleurs à noter que la localité primitive semble avoir été ce que l’on appelle
aujourd’hui « le Mesnil d’Andé » et non pas l’agglomération principale.
Si ces éléments, et le patronage de l’église, nous incitent à pencher pour une
organisation paroissiale tardive (XIe siècle ?), le nom de la localité, lui, indique une
dénomination antique du lieu. La première mention connue est celle d’un « Waltério
de Andet » en 1136 ; cette forme toponymique est à assimiler à un grand nombre de
constructions similaires comprenant le suffixe (ate, tel Condate – ancien nom gaulois
de Rennes). Nous sommes donc en présence d’un toponyme antérieur à la présence
romaine ; sans que sa signification nous soit connue. Il s’agissait probablement comme
pour la majorité des noms de haute antiquité d’une désignation topographique (on la
retrouve dans « Andelle », on se permettra de proposer, très humblement : limite,
frontière.
Quoiqu’il en soit, l’histoire connue de la localité commence au XIIe siècle. Dès
le début on s’aperçoit qu’Andé et son Mesnil sont deux seigneuries distinctes à l’inté-
rieur de la même paroisse. Le Mesnil donc, est l’apanage de la famille d’Andé. En 1174
est signalé un Symon de Andé, créancier de l’abbaye de la Noé. En 1204, ce sont
Richard et Roger d’Andé qui font don d’une terre à Caugé. On sait ensuite qu’Ysabel,
veuve de Roger donne également de la terre à la Noé avec laquelle les liens semblaient
décidément être importants. Son fils Symon II les imitera, donnant cette fois tous ses
droits sur une vavassorerie sise au Mesnil qu’un dénommé Pierre Vitot tenait de lui.
La famille d’Andé disparaît ensuite…
A propos du Mesnil, tout juste sait-on qu’il s’y trouvait un bac dès le XIVe siècle ;
qu’un écuyer nommé « De Postel » en était seigneur en 1660 et qu’on retrouve le
domaine en possession du chancelier de Maupéou en 1785. On ne sait s’il y existait un
manoir à l’époque de la famille d’Andé, par contre au XVIIe fut construit un logis
seigneurial qui existe encore – à l’état de ferme – bien que fortement remanié au
XVIIIe siècle.
Quant à l’agglomération principale, elle appartenait, au XIIe siècle, aux
seigneurs Guillaume de Muids et Roger de Roncherolles qui firent conjointement
donation au prieuré des Deux Amants, pour le premier de ses terres d’Andé et pour
le second du patronage de l’église ; les terres restant aux mains des Roncherolles. Le
pouillé d’Eudes Rigaud nous apprend qu’à cette époque la paroisse comptait 28 chefs
de famille. Les activités principales étaient alors la vigne et les pommiers, les
Roncherolles, seigneurs de Pont-Saint-Pierre et une des plus grandes familles de
Normandie, conservèrent la terre jusqu’au début du XVIIe.
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