Page 25 - Lux in Nocte 14
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Beethoven, Gluck, Bizet et Verdi
Le centre du plafond, représenté tel un soleil avec ses rayons de métal doré, était à l’origine dispensé
d’un travail pictural dans la mesure où, avant l’électrification de l’éclairage, il permettait l’échappement
des fumées du lustre dont la grandeur accentuait celle de la salle de spectacle. Plus tard, Chagall revint
sur son œuvre pour ajouter quatre autres compositeurs en utilisant les mêmes couleurs que
précédemment.
Il fit allusion à l’opéra de Ludwig van Beethoven en intégrant au
plafond le personnage principal de Fidélio en vert. Sur le même plan,
il évoqua la tragédie lyrique d’Orphée et Eurydice de Christoph
Willibald von Gluck, reconnaissable par la fameuse lyre qui permet
l’identification de ce mythe peint en blanc. La lecture se poursuit
avec Carmen de Georges Bizet. Chagall la fit vibrer dans un rouge
sulfureux, dansant le flamenco accompagné par un guitariste. Il est
enfin temps de conclure sur ce dernier rayon de soleil où Verdi se
distingue par une couleur jaune lumineuse, par le portrait du
compositeur barbu, entouré des cantatrices qui firent vivre ses
opéras.
La réception de son œuvre
Comme pressenti, le chef-d’œuvre inauguré le 24 septembre 1964 fut affublé de critiques
assourdissantes. On a parlé d’un plafond aux couleurs criardes et grotesques, un contraste incohérent
parmi les dorures et les moulures typiques de l’architecture néo-classique de l’Opéra Garnier... L’œuvre
fut considérée comme un signe de mépris pour l’art du Second Empire. Cependant et contre toute
attente, certains détracteurs qui se manifestaient avant le lancement des travaux se ravisèrent pour une
critique bien plus modérée, presque bienveillante. Aujourd’hui, on apprécie que sous le pinceau d’un
peintre visionnaire, des compositeurs célèbres ont retrouvé leur place au patrimoine national et
universel de l’Opéra de Paris. Cette œuvre permit aussi une certaine renaissance du monument, au
même titre que les colonnes de Büren ressuscitèrent l’intérêt de tous ceux qui avaient oublié le Palais
Royal.
Bibliographie :
COGORNO Luisa, Regards sur la peinture n°25 : Chagall, éditions Fabbri, 1987, 32p.
FONTAINE Gérard, L’Opéra de Charles Garnier. Architecture et décor intérieur, éditions du patrimoine,Paris, 2004, p.86-88.
GOLDMANN Lucien, Sur la peinture de Chagall, réflexions d’un sociologue, (article), Annales 1960, p. 667-683.
MARCHESSEAU Daniel, Chagall. Ivre d’images, Gallimard, Paris, 1995.
SORLIER Charles, Chagall, le patron, Librairie Séguier, Paris, 1989, 250 p.
« Chagall et la musique », revue de la Philharmonie de Paris, Beaux-Arts éditions, 2015, 49p.
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