Page 39 - Lux in Nocte 16
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Il se mit du côté du soleil, s’étira et attendit qu’il se lève à l’horizon.
« Il ne faut pas perdre de temps, pensa-t-il. Avec la fraîcheur, la marche est plus facile. »
Dès que le bord du soleil émergea à l’horizon, Pakhom partit dans la steppe, la pioche
sur l’épaule.
Pakhom marchait d’un pas égal, ni lent, ni rapide. Il parcourut un kilomètre et demi,
s’arrêta, creusa un trou et entassa des mottes de tourbe de façon bien visible. Il continua
sa route. Quand il fut bien en train, il accéléra sa marche. Après avoir fait un bout de
chemin, il creusa un autre trou.
Pakhom se retourna : on voyait bien le chef éclairé par le soleil et le monde qui s’y
trouvait, ainsi que les roues rutilantes des véhicules. Pakhom estima qu’il avait parcouru
déjà cinq kilomètres. Comme il s’était échauffé, il ôta sa chemise, la jeta sur son épaule,
et continua son chemin. Il faisait chaud ; il regarda le soleil : il était temps de déjeuner.
« Voilà déjà un quartier de la journée, pensa-t-il, et il y en a quatre dans la journée ; il
n’est pas encore temps de tourner. Je vais seulement ôter mes bottes. »
Il s’assit, se déchaussa, attacha ses bottes à sa ceinture, et poursuivit son chemin. Il se
sentait dispos, et il pensa :
« Je vais faire encore cinq kilomètres et je tournerai à gauche. L’endroit est trop bon. Ce
serait du gâchis de passer à côté. Plus je vais, meilleur cela est. »
Il continua à marcher tout droit. Il se retourna et vit à peine la colline. Les gens
ressemblaient à de petits insectes et il distinguait à peine un léger scintillement dans la
lumière du soleil.
« Eh bien ! pensa Pakhom, il faut tourner maintenant de ce côté. J’en ai déjà pris assez. »
Il se sentait déjà tout en sueur, et il avait soif.
Pakhom creusa un grand trou. Il entassa de nouvelles plaques de tourbe, puis il leva sa
bouteille et but. Il repartit ensuite à gauche. Il marcha, marcha ; l’herbe était haute et il
faisait chaud.
Pakhom commençait à se fatiguer. Il regarda le soleil, et vit qu’il était juste midi.
« Eh ! bien pensa-t-il, il faut se reposer. »
Pakhom s’arrêta et s’assit : il mangea un peu de pain, mais ne s’allongea pas. « Quand
on s’allonge, pensa-t-il, on s’endort. » Il resta un moment sur place, puis poursuivit sa
route. Il marchait tout d’abord d’un pas leste, le dîner lui ayant rendu ses forces. Mais
il faisait très chaud, et le sommeil le gagnait. Mais, pensa-t-il, « Une heure à souffrir, un
siècle à bien vivre. »
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