Page 34 - Lux in Nocte 17
P. 34
Je descends les marches de marbre blanc avec toi… On dirait que la pièce est taillée dans la glace.
De là, des couloirs avancent dans un labyrinthe sans fin meublé de peintures et de photographies
d'artistes contemporains. Surprenant dans ce contexte, le tableau du Radeau de la Méduse, copie
réalisée en 1859/1860, par Pierre-Désiré Guillemet et Étienne Antoine Eugène Ronjat, d'après
l'original peint entre 1817 et 1819 par Théodore Géricault, qui se trouve dans la collection
permanente du Musée du Louvre. Dans la salle immaculée, l'océan coule. Le radeau est énorme,
couvrant presque toute la surface de la toile, sept mètres. Sa taille, le drame des événements qui
s'y déroulent bouleversent l'âme. Géricault a exposé la tragédie des 150 naufragés de la Méduse,
navire qui a coulé au large des côtes mauritaniennes en 1819 – gardant secret le sujet
politiquement délicat, jusqu'au tout dernier moment. Je me retourne… Derrière moi, la surface
noire de l'œuvre de Dierk Schmidt est entrecoupée de rayures blanches.
Parmi elles sont suggérés les armes, les réfugiés, la mort… SIEV – « Navire suspecté d'entrée
illégale » - un terme utilisé en Australie - rappelle le naufrage d'un navire de réfugiés en 2001... Ce
pourrait être l'été 2015... ou celui qui vient de passer.
Nous nous tenons sous le plafond à travers lequel le ciel nous regarde par une multitude de
cercles transparents. On aperçoit aussi la verte prairie sur laquelle les enfants courent au
printemps. Comme un immense jeu, les vitres rondes interrompent le vert de l'herbe.
L'heure de fermeture approche…
J'ai l'impression que je dois revoir quelque chose avant d’affronter le vent implacable.
Nous remontons vite au premier étage en cherchant la plus belle des belles et nous l’avons
trouvée !
34