Page 20 - Bouffe volume 3 - Surgelée
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ffffff..histoire de la pourvoirie des îles de la madeleine
Impossible de vivre aux Îles de la Madeleine et d’ignorer le débat qui entoure la chasse au phoque. Il vous entre dans la peau. En effet, depuis plus de cinquante ans, les Madelinots sont la cible des groupes animalistes. Pourtant, la Finlande, la Lettonie, la Lituanie, la Norvège, la Suède, l’Estonie, l’Is- lande, le Royaume-Uni chassent le phoque. Sans oublier les peuples autochtones : les Aleut et les Inupiat en Alaska; les Chuchis en Russie et les Inuits au Grœnland. On le chasse aussi en Australie, en Namibie, en Russie. Les Micmacs ont toujours chassé le phoque et les Inuits de la culture Thulé, ancêtres de tous les Inuits canadiens actuels, harponnaient le phoque sur la glace il y a environ mille ans.
Les phoques fréquentaient les eaux du globe bien avant l’homme. Des fossiles retrouvés sur les côtes de la Nouvelle- Angleterre indiquent qu’à l’ère paléolithique il y a trois mil- lions d’années, quand sont apparues les premières civili- sations humaines, les phoques ressemblaient déjà à leurs descendants actuels.
Environ 9 millions de phoques du Groenland et plus de 500 000 phoques gris occupent actuellement le golfe du Saint-Laurent; il s’agit d’un obstacle jugé important à la pêche commerciale et sportive. Et ils n’ont qu’un seul pré- dateur : l’homme.
En 2012, lors d’une réunion de l’Association des chasseurs de phoque des Îles de la Madeleine à laquelle j’assistais, Léonce Arseneau, grand défenseur de la chasse au phoque, a suggéré de créer une pourvoirie pour attirer les chasseurs de gros gibier. J’ai grandi au Saguenay, et mon grand-père, un Madelinot, chassait le loup-marin (nom que l’on donne au phoque aux Îles). Toute ma famille pratiquait la chasse au petit ou au gros gibier. La création d’une pourvoirie aux Îles était non seulement une bonne idée, mais je sentais que c’était une mission faite pour moi. Que je devais m’en char- ger au nom de mon grand-père! Je me sentais « appelée ». Il fallait trouver un moyen de contrôler la croissance des troupeaux de phoques.
À l’hiver 2013, à la suite d’un autre échec du ministère canadien des Affaires extérieures dans ses démarches auprès de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) visant à « casser » l’embargo décrété par l’Union Européenne sur les produits du phoque canadiens, je me suis enfin décidée à demander un permis fédéral de chasse sportive au phoque. Trois semaines plus tard, Pêches et Océans Canada me l’ac- cordait.
Aux Îles, où la blessure causée par les propos incendiaires des animalistes était toujours cuisante, on était inquiets : allait- on assister au retour de Brigitte Bardeau? Même inquiétude
EN COULISSE
txt. Danielle Bouchard
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