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Christine Adamo - Copyright NMS51GC
Depuis ce jour-là, quand on va se promener au bord de l'eau
avec papa et Bismuth, je regarde toujours s’il y a pas un autre
quelqu'un qui se noie. Mais ça arrive pas aussi souvent qu'aux infos
à la télé que Théophile regarde et dit c’est-tout-le-temps-
maintenant-dans-les-tsunamis-et-les-ouragans-du-changement-
climatique. J'ai bien demandé à papa s’il voulait pas faire semblant
de se noyer dans la Semoy pour que Bismuth redevient un héros.
Mais papa a tapé son front avec le doigt qu’on se met dans le nez.
Donc j’ai pas insisté vu qu’en plus, Bismuth, je l'aime même quand
il est pas un héros. Et je l'aimerai toujours parce qu'il m'aimera
aussi toujours plus que tout le monde. Même si c'est papa qui lui
donne à manger en général.
Quand papa vient me chercher à la gare de Charleville le
vendredi soir, il amène toujours Bismuth. Et il fonce sur moi en
renversant toutes les valises des gens pour me lécher la figure et les
oreilles (Bismuth, pas papa). Après, pendant le week-end, il s'en va
jamais plus loin qu’à deux mètres de moi, sauf quand il a vu un
animal à poils dans la forêt ou quand je vais aux toilettes. Mais ça,
c’est pas pareil, c'est l'instinct. Et aux toilettes, c’est pas assez
grand.
Le dimanche soir, quand je vais reprendre le train, Bismuth
reste à la maison. Une fois, papa l'avait emmené, et il était monté
dans le wagon juste au moment où ça démarrait. Du coup, il avait
fallu faire arrêter le train pour que Bismuth redescend. Papa avait
eu une amende. Et il était pas content.
Toute façon, maman aurait pas été contente non plus de voir
Bismuth descendre avec moi sur le quai à Paris parce qu’elle l’aime
pas. Elle trouve que je l’aime trop, ce-n’est-pas-normal-de-porter-
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