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Christine Adamo - Copyright NMS51GC
La forêt en été, elle sent le vert et le soleil, sauf quand il y a
une bête morte dans un coin. En été, il faut aussi faire plus attention
où on marche à cause des vipères qui sortent de leur trou. Les
orvets sortent aussi. Seulement eux, je les glisse dans ma poche
pour les promener un peu vu que, comme ils ont pas de pattes, ils
peuvent pas aller loin. Mais je les ramène toujours où je les ai
trouvés. Il-ne-faut-pas-séparer-les-familles, dit papa. C’est-trop-de-
souffrance.
Hier, j'ai vu une famille de salamandres dans un trou d'eau à
l'entrée du ravin de l'ours, là où la route de la Neuville-aux-Haies
arrive aux Vieux-Moulins-de-Thilay. Elles étaient méga-belles
avec leur tête, leur dos, et leurs pattes jaunes avec des taches
noires. J’aurais bien voulu les prendre dans les mains. Mais quand
j’étais petit, je l’avais fait. Après, ma peau m’avait brûlé. Donc j’ai
pas recommencé. J’étais juste content de voir les enfants avec le
papa et la maman.
Les fleurs de l'été, elles sont aussi sorties de leur maison
sous la terre. Donc j’ai ramené masses de digitales pour mettre
dans mon herbier que j'ai commencé l'année dernière. Les digitales,
c’est celles qui ont des feuilles longues et ovales et douces. Et au-
dessus des feuilles, il y a des fleurs violettes qui ouvrent la bouche
et montrent leur gorge blanche avec des petites taches rondes au
fond. Même qu’elles soufflent de la poussière de soleil dés qu'on
leur secoue un peu la tête. On dirait jamais qu’il y a du poison
dedans. Pareil que dans la peau des salamandres.
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