Page 110 - LeJOURoùJEseraiORPHELIN-CHRISTINE.ADAMO_Neat
P. 110
Christine Adamo - Copyright NMS51GC
place de marcher entre les deux villages, les gens préfèrent sauter
en parachute. Il y a que ceux qui veulent se suicider qui l’oublient,
leur parachute. Du coup, c’est pas un endroit pour les grands un
peu vieux vu qu'il faut faire méga-attention où on met les pieds,
sinon on tombe de vingt mètres et on se casse tout. En plus, quand
ça devient trop bossu et montueux de partout, on est obligé de se
servir des échelles en fer pour passer les rochers. C’est là que ça
devient vraiment aventureux parce qu'elles sont pas toujours bien
attachées, les échelles. Donc il faut pas se presser. Et même là, ça
bouge dehors et dedans, avec le cœur qui cogne comme s’il voulait
sortir.
En même temps, quand à la fin avec papa, on est presque en
bas, c’est trop super-joli. Il y a les branches des noisetiers qui
chatouillent le ventre de la rivière, avec les poissons qui croient que
c'est une mouche dodue et essayent de l'attraper avec leur bouche
qui sort juste de l'eau transparente. Il y a aussi des hérons qui
s'envolent comme des Boeings tellement leurs ailes sont grandes.
Et masses de poules d'eau qui se cachent derrière les fleurs de
nénuphars ou d'algues tellement elles sont timides.
A la fin de la fin de la descente, sur la petite plage au milieu
du zigzag de la Semoy, papa fait ouf, il laisse tomber son derrière
sur un rocher, il pose le sac, et il enlève ses chaussures pour aérer
ses doigts de pied. Moi, je prends deux sandwiches et je m'assois
un peu plus loin à cause des doigts de pied. Bismuth, lui, il se
couche sur mes chaussures, il regarde mes sandwiches comme s’il
avait pas mangé depuis une semaine. Et quand je vais pas assez vite
pour lui donner le sien de sandwich, il se lève et il me l’attrape
dans les mains en bavant dessus. Même que des fois, si j’ai pas
110