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Christine Adamo - Copyright NMS51GC





                        place de marcher entre les deux villages, les gens préfèrent sauter

                        en parachute. Il y a que ceux qui veulent se suicider qui l’oublient,

                        leur parachute. Du coup, c’est pas un endroit pour  les grands un
                        peu vieux vu qu'il faut  faire méga-attention  où on  met les pieds,

                        sinon on tombe de vingt mètres et on se casse tout. En plus, quand

                        ça devient trop bossu et montueux de partout, on est obligé de se
                        servir des échelles en fer pour passer les rochers. C’est là que ça

                        devient vraiment aventureux parce qu'elles sont pas toujours bien

                        attachées, les échelles. Donc il faut pas se presser. Et même là, ça
                        bouge dehors et dedans, avec le cœur qui cogne comme s’il voulait

                        sortir.

                               En même temps, quand à la fin avec papa, on est presque en

                        bas,  c’est  trop  super-joli.  Il  y  a  les  branches  des  noisetiers  qui
                        chatouillent le ventre de la rivière, avec les poissons qui croient que

                        c'est une mouche dodue et essayent de l'attraper avec leur bouche

                        qui  sort  juste  de  l'eau  transparente.  Il  y  a  aussi  des  hérons  qui
                        s'envolent comme des Boeings tellement leurs ailes sont grandes.

                        Et  masses  de  poules  d'eau  qui  se  cachent  derrière  les  fleurs  de

                        nénuphars ou d'algues tellement elles sont timides.

                               A la fin de la fin de la descente, sur la petite plage au milieu
                        du zigzag de la Semoy, papa fait ouf, il laisse tomber son derrière

                        sur un rocher, il pose le sac, et il enlève ses chaussures pour aérer

                        ses doigts de pied. Moi, je prends deux sandwiches et je m'assois
                        un  peu  plus  loin  à  cause  des  doigts  de  pied.  Bismuth,  lui,  il  se

                        couche sur mes chaussures, il regarde mes sandwiches comme s’il

                        avait pas mangé depuis une semaine. Et quand je vais pas assez vite
                        pour  lui  donner  le  sien  de  sandwich,  il  se  lève  et  il  me  l’attrape

                        dans  les  mains  en  bavant  dessus.  Même  que  des  fois,  si  j’ai  pas





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