Page 109 - LeJOURoùJEseraiORPHELIN-CHRISTINE.ADAMO_Neat
P. 109

Christine Adamo - Copyright NMS51GC





                        rigolait  au  milieu  de  ses  poils  de  figure  vu  que  lui,  il  peut  pas

                        perdre son pantalon.

                               Quand  on  peut  se  promener  sans  bonnet  et  sans  écharpe
                        autour de la tête, papa sort son sac de randonnée. Il le retourne pour

                        chasser les araignées et les miettes de pain de l'année dernière, et

                        aussi les chaussettes qu'il avait oublié de sortir et qui sont moisies-
                        vertes  au  milieu  des  trous.  Après,  il  met  dedans  tout  ce  qu’on  a

                        besoin tous les deux. Moi, je suis trop petit pour porter une chose

                        lourde, et toute façon, ça me gênerait pour rentrer dans les grottes
                        avec Bismuth. En plus, quand le sac est rempli, il y a  masses de

                        bosses qui dépassent de partout vu qu’on a du sparadrap au cas où,

                        un  canif  pour  faire  des  sifflets,  des  Kleenex,  les  jumelles,  deux

                        gourdes  pleines  d’eau,  la  canette  de  Coca  et  les  sandwiches  au
                        poulet-cheddar de papa, les croquettes de Bismuth, ma bouteille de

                        limonade  Lorina  et  mon  sandwich  au  saucisson  que  maman

                        m’autorise pas à la maison. En même temps, les croquettes meurent
                        souvent en poussière au fond du sac vu que Bismuth préfère nos

                        sandwiches à nous. Heureusement, papa les fait tous en double.

                               Papa     dit    souvent     un-jour-j’écrirai-un-livre-sur-nos-

                        randonnées-dans-les-Ardennes-belges-et-françaises,        avec-toi-je-
                        connais-la-vallée-de-la-Semoy-par-cœur.  C'est  vrai  que  c’est

                        tellement beau qu’on reste des heures à regarder les verts, les bleus,

                        les gris et les violets sous les nuages en coton blanc qui mangent le
                        soleil. Surtout aux Echelles,  quand  papa a fini de  ronchonner je-

                        suis-trop-vieux-pour-cette-gymnastique vu qu'il s'est déjà tordu la

                        cheville.
                               Les Echelles, c’est drôlement difficile comme promenade vu

                        que  c’est  entre  Rochehaut  et  Frahan.  Même  qu’en  général,  à  la





                                                                                           109
   104   105   106   107   108   109   110   111   112   113   114