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Christine Adamo - Copyright NMS51GC
monde, ils mangent toute la neige avec leurs skis, ils font des
bonshommes au milieu des pistes, ils crient. Et surtout, ils jettent
des bouteilles de bière qui se cassent. Et ça coupe les animaux.
Heureusement, j'ai mes coins à moi que personne connaît et
que j’y vais seulement avec Bismuth. Même qu’il aime pas
toujours, Bismuth, vu qu’il se prend dans les ronces. En plus,
quand il y a beaucoup de neige, ça fait des boules pareilles que
celles de Noël sur ses poils longs des pattes. Mais dans mes coins,
je suis tranquille. Je peux penser à ce que je ferai quand je serai
avec papa tout le temps vu que maman sera plus là. Ou à plus tard
quand je serai dans ma vie aventureuse du Grand-Nord.
J’aime bien réfléchir à tout ça vu que ça me fait oublier les
choses pas drôles. Mais le problème, c’est que Bismuth aime pas
quand on reste sans rien faire. Alors il vient vite me pousser du nez.
Et si je me lève pas, il s’assoit sur mes chaussures en me tournant
son dos pour me montrer qu’il boude. Même si toute façon, en
hiver, je reste pas assis longtemps par terre parce que j'ai vite le
derrière mouillé. Après ça gèle et c’est pas agréable. Sauf dans la
grotte.
A l'entrée du ravin de l'ours, les rochers qui sortent de la
terre font comme si les gens d'en-dessous venaient de les pousser
vers le haut pour s'en débarrasser parce qu'à force, ils en avaient
marre de toujours se cogner la tête dedans. Ces rochers-là sont
pareils que des piliers très hauts, très noirs et tout serrés les uns
contre les autres. Sauf que des fois, ils laissent un petit trou entre
leurs jambes. Et comme ça fait des méga-longtemps-de-siècles que
l’eau rentre dedans papa m’a expliqué, elle a fait un passage vers
les grottes en-dessous.
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