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éditorial
Patricia BRUNEAUX
Frontière, quelles sont tes frontières ? Le langage ? La
culture ? Les croyances ? L’économie ? les hommes d’ici,
et non de là-bas ? Les hommes de là-bas, et non d’ici ?
Les animaux ? Les montagnes ? Les lacs ? Les océans ?
Les peuples primitifs ? Les peuples civilisés ? L’orient ?
L’occident ? La Terre ? Le Ciel ? La Lune ou bien mars ?
Le Cosmos ? L’horizon du voyant ou celui de l’aveugle ?
Le territoire des étoiles ou la limite des trous noirs ?
Ventre contre terre, la tête dans les étoiles, et les mains
tendues sur les chemins chaotiques de leur histoire
originelle, les humains ont toujours séjourné d’aventures
en aventures à contrarier tes contours, se libérer des lignes
imaginaires que d’autres hommes ont inventées pour eux
mêmes.
Quelle ironie du sort cette invention humaine à l’ombre des
sociétés modernes, quand le vivant se rappelle aux lois de
son espèce, libre d’être en vie, libre d’exister, libre d’aimer,
être là et ailleurs, une nécessité de la vie dans le processus
naturel d’adaptation et d’évolution.
Depuis la nuit des temps, est-il dit que les abeilles se
disputent leurs frontières pour butiner les fleurs, que les
lions se disputent leurs frontières pour un peu d’eau dans
les contrées désertifiées, que les éléphants se disputent
leur cimetière pour un peu de repos dans l’au-delà, que les
cétacés se disputent leur frontière pour tenter de s’aimer
et se reproduire dans le long sillage du vivant migratoire ?
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