Page 15 - Bulletin, Vol.80 No.2, September 2021
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accidents vasculaires cérébraux (2,1 l'anxiété (...). Les conséquences
%) et la démence (0,7 %) était inflammatoires de l'infection laissent
globalement plus faible, mais le risque des séquelles qui augmentent le risque
était plus élevé parmi les patients qui de pathologies psychiatriques ».
avaient été fortement malades.
Le rôle du confinement
Si le risque au niveau individuel de la Les troubles observés durant cette
plupart de ces troubles neurologiques pandémie ne sont pas seulement dus à
et psychiatriques est faible, l’effet peut la maladie elle-même. Le confinement
être « considérable » pour les systèmes est aussi responsable de nombreux
de santé en raison de l’ampleur de la dysfonctionnements physiques et
pandémie, relève le professeur Paul psychiques. On connaît les effets
Harrison (université d’Oxford,
l’isolement
Royaume-Uni), auteur principal de psychologiques de sous-marins,
(expéditions
polaires,
l’étude. D’autant que beaucoup de ces prison). Néanmoins, l’échelle du
troubles sont « chroniques », ce qui confinement mis en œuvre à l’occasion
nécessite de doter les systèmes de de la pandémie est inédite ; les
santé de ressources « pour faire face implications des conséquences du
aux besoins ».
confinement sont connues : ennui,
Des troubles anxieux déjà connus en isolement social, stress, manque de
Italie sommeil, anxiété, stress post-
traumatique, dépression et conduites
Une étude italienne antérieure (6) suicidaires, conduites addictives,
menée sur 400 patients infectés dans la hallucinations, augmentation aussi du
région de Milan, montrait déjà une surpoids et de l’obésité. Citons encore
augmentation du stress post- les violences domestiques favorisées
traumatique dans un premier temps, par le désœuvrement et la promiscuité
puis de la dépression chez les patients 24 heures sur 24.
atteints de Covid-19. Selon cette étude
coordonnée par le centre hospitalier On peut y ajouter la baisse de natalité
italien San Raffaele et publiée dans la survenue dans le monde entier, la
revue Brain, Behavior and Immunity, cause en étant la crainte du lendemain.
55% des patients hospitalisés pour A l’inverse, il faut signaler en même
Covid-19 développent un trouble temps l’augmentation de grossesses
psychiatrique – stress post- non désirées.
traumatique, dépression, anxiété,
insomnie et troubles obsessionnels On le voit, on est encore loin d’avoir
compulsifs un mois après leur sortie de cerné complètement cette pandémie.
La seule mesure relativement efficace
l'hôpital.
dont nous disposons aujourd’hui est la
Selon la psychiatre Marion Leboyer (7) vaccination, mais seule une petite
« Les conséquences du Covid-19 (…) partie de l’humanité a été vaccinée à ce
concernent des personnes infectées et jour, et l’apparition de nombreux
qui ont eu peur pour elles ou pour leurs variants pose le problème de l’efficacité
proches, mais aussi les personnes non des vaccins face à eux.
infectées, exposées au stress, à
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