Page 10 - Bulletin, Vol.80 No.2, September 2021
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C’est ce qu’on appelle l’umuganda, qui se traduit par « se réunir dans un but
commun ». Il s’agit d’un ancien concept rwandais ; officiellement remis au goût du jour
en 2009. Des sanctions sont prévues pour ceux qui refusent d’y participer. Grâce à
cette pratique, Kigali est désormais l’une des capitales les plus propres au monde.
L’umuganda s’inscrit dans un processus de guérison généralisé à l’ensemble du
Rwanda. Le gouvernement a également rétabli depuis 2006 la tradition du girinka, un
programme d’aide sociale qui consiste à offrir une vache aux familles les plus
vulnérables. Et lorsque la vache a un veau, la tradition veut que ses propriétaires le
donnent à leurs voisins.
Il n’y a pas que les traditions qui aident à la création d’un nouveau Kigali. Mathias
Kalisa est un jeune entrepreneur qui, grâce au café, l’une des premières exportations
du Rwanda, incarne à la perfection cette jeune génération à l’origine de l’énergie que
l’on peut ressentir dans les rues de la capitale. Kalina est propriétaire du café Rubia
Coffee Roasters, réputé pour ses délicieux cafés. « Avant 1994 les jeunes comme moi
ne pouvaient pas avoir leur propre affaire » explique-t-il.
Malgré les horreurs de cette période, Kalisa est convaincu que le Rwanda ne
replongera pas dans la violence : « Quand on voit le rythme de croissance de ce pays,
sa stabilité, l’implication de la jeune génération dans l’avenir du pays, on a vraiment le
sentiment que les choses ont changé et qu’il y a une vraie motivation, ajoute-t-il.
Cette même énergie se retrouve chez Joselyn Umutoniwase, designer et créatrice de
Rwanda Clothing. Comme Kalisa, elle s’est donnée comme mission de faire connaître
au grand public une facette nouvelle et différente de Kigali : « le tissu vient de toute
l’Afrique. Il y a ceux de l’Afrique de l’Ouest, les colorés, les wax » dit-elle. Ses
vêtements sont conçus pour faire évoluer les mentalités : « l’idée est de raconter une
nouvelle histoire. Chaque fois que quelqu’un achète un vêtement dans cette boutique,
qu’il voyage avec, que ce soit à New York, Londres ou Paris, cette tenue raconte une
autre histoire du Rwanda ; c’est l’image du Rwanda que je vends ». Elle espère que ses
vêtements joueront un rôle fédérateur et marqueront la mobilisation de tout un peuple
face à l’adversité. Cette envie de travailler ensemble est une manière de panser les
plaies encore à vif et douloureuses.
Aucun voyage au Rwanda n’est complet sans une visite au Mémorial du génocide à
Kigali. Les restes de 250 000 personnes sont enterrés ici dans des fosses communes à
côté d’un mur commémoratif portant leurs noms, où leurs proches peuvent venir se
recueillir (CNN, Atlanta,13 avril).
AAFI-AFICS BULLETIN, Vol. 80 No.2, 2021-09 9