Page 3 - Bulletin, Vol.80 No.2, September 2021
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EDITORIAL


                                                                             Par Odette FOUDRAL

                                     J’aimerais  pouvoir  parler  des  petits  oiseaux  mais  voilà,  la
                                     pandémie  est  toujours  là.  Cependant  vous  trouverez  dans  ce
                                     numéro  de  notre  Bulletin  d’autres  sujets  qui,  j’espère,  sauront
                                     vous divertir.

                                     Je  profite  aussi  de  ces  quelques  lignes  pour  remercier  les
                                     bénévoles  et  les  membres  du  Comité  qui  m’ont  aidé  à  porter
                                     l’AAFI  pendant  cette  période  difficile  et  l’Administration  de
                                     l’ONUG qui nous a fait confiance en nous permettant d’accéder
                                     à nos bureaux.

                                     Depuis  dix-huit  mois  j’ai  le  sentiment  de  tourner  dans  un
                                     mauvais film.

            Le scénario est mauvais, le réalisateur est mauvais et, en plus, le caméraman perd les
            bobines de prises de vue et on doit sans cesse recommencer à tourner les scènes. Il
            faut dire que dans les films catastrophes il y a toujours un super héros pour sauver le
            monde mais là, on n’a pas les moyens de s’offrir les services de Bruce Willis, de Jacky
            Chang ou  de Tom Cruise. Alors on rame…. De toute façon ce film  sera un navet et
            personne ne voudra en garder une copie.

            Sur  le  plateau  voisin  c’est  pire, on  tourne un  film  de guerre  et il n’y a pas moins de
            quatre scénaristes qui veulent tous mettre en avant leur version, V.P., T.E., N.M., X.J.
            Heureusement  le  cinquième,  un  certain  D.T.  a  été  viré.  Mais  là  aussi  il  manque  le
            sauveur  du  monde  et  on  ne  voit  que  des  enfants  morts,  des  femmes  battues  et  des
            monuments détruits.

            Je pousse encore une porte et, miracle, le film raconte la vie d’avant. C’est beau tous
            ces gens avec le sourire, ces terrasses de café au soleil, ces compagnies de théâtre
            ambulant qui mettent les spectateurs en joie. Et là je rappelle, c’était le monde d’avant.
            Si un jour on retrouve ce monde nous permettant de vivre ensemble un beau concert,
            de pouvoir embrasser un inconnu dans la rue, j’espère qu’on saura que le bonheur tient
            à si peu de choses. Même un verre de mauvais vin semble un nectar si on le partage
            entre  amis.  Je  promets  de  retourner  au  cinéma  et  au  théâtre  pour  aider  à  la
            renaissance de la culture.

            On pourra alors évoquer ceux que nous aurons perdu sans pouvoir réconforter leurs
            familles, on pourra essayer de nettoyer les océans des millions de masques jetés, on
            pourra réhabiliter ceux qui ont essayé de gérer une crise sanitaire incroyable, digne de
            la science-fiction mais pourtant bien réelle alors qu’on croyait tout maitriser tout avoir
            moyennant un peu d’argent. On pourra remercier le personnel médical qui s’est donné
            sans compter et tous ceux qui nous ont permis de manger de voir nos rues propres,
            mais  aussi  et  surtout  tous  les  proches  aidants  qui  ont  dû  faire  face  à  des  tâches
            supplémentaires et gérer les angoisses des aidés en plus des leurs.
            Nos pensées vont aussi à tous nos amis et anciens collègues en Afghanistan.

                             Image : moment de détente volé avec Dario Colombo et Christian David

            2                                                   AAFI-AFICS BULLETIN, Vol. 80 No. 2, 2021-09
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