Page 17 - Bulletin, Vol.83 No.1, April 2024
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J'ai rencontré Maria en 1995, lors de la réunion du magazine UN Special. Elle était
rédactrice adjointe et Jean-Michel Jackobowicz était le rédacteur en chef. Il a lu mes
articles et m'a présentée. Nos débuts avec Maria ont été difficiles, elle n'aimait pas mon
style "allégorique" et mes sujets. Nous avions le sentiment d'appartenir à deux
extrêmes, à deux mondes polaires. Jean Michel a insisté et je suis restée. Quelque
temps après l'incident, j'ai écrit un article (sur les extrêmes) et cet article a tout changé -
Maria est venue me voir et depuis lors, nous avons développé notre amitié, qui a duré
près de 30 ans. C'était une amitié spéciale - notre amitié UN Special, mais aussi
beaucoup plus. Depuis ce jour, nous avons discuté de tout, elle m'a demandé mon avis,
a partagé ses pensées et m'a ouvert son jardin secret - poésie, photos, sentiment de
beauté. Nous avons compris que nous partagions la même passion - l'écriture, mais
aussi l'amour pour les gens et pour l'Organisation.
Son amour pour les gens était exceptionnel, son dévouement admirable. Elle
s'investissait pleinement dans le magazine (qui devait produire un numéro de 50 pages
par mois), si nécessaire, elle ne dormait pas, elle était aussi une partenaire
fiable, présente chaque fois qu'il le fallait. Nous étions ensemble, et nous sommes
devenus une famille. Des liens solides nous unissaient - notre maison, notre UN
Special. Nos pensées étaient les mêmes, nos sentiments étaient les mêmes, nous les
exprimions simplement dans des styles différents.
Au-delà de son âme poétique (qui n'est pas connue de beaucoup), Maria avait aussi un
grand talent de leader et de syndicaliste, se sentant responsable pour les gens, venant
toujours pour les aider, ne pensant jamais à elle-même, jamais à ses intérêts, mais
seulement aux gens. C'est pour cela qu'elle était connue au-delà des Nations Unies. Je
suis également reconnaissante à Maria pour son soutien au projet de Mémorial (pour
les collègues qui ont perdu la vie en service de l'Organisation), aujourd'hui, le Mémorial
se trouve sur le terrain de l'ONUG, avec une signification légèrement différente puisqu'il
a été adopté par les force de maintenance de la paix, elle a soutenu le livre contre la
faim (le riz), nos activités pour la restauration de Sphère, toutes les questions
humanitaires et de solidarité, notre engagement pour Alger, pour Bagdad. Elle était
toujours avec nous (UN Special). Elle admirait le magazine et nous étions tous une
famille soudée.
Elle s’engageait aussi contre l'inégalité, l'injustice. Nous avons vécu des moments
douloureux (y compris dans le magazine), et elle a fait tout ce qui était en son pouvoir
pour que la justice l'emporte. Elle essayait également de rendre hommage à ceux qui le
méritaient (par exemple, à Christian David pour son rôle dans l'Orchestre de l'ONU,
même s'il n'a jamais été officiellement reconnu, Maria le savait et le reconnaissait). Et
elle a vu des gens. Elle a vu ceux qui sont dévoués et ceux qui font carrière, elle s'est
tenue aux côtés des faibles, des vulnérables, souvent contre les grandes vagues. Elle
était forte et capable de défendre les gens. Elle était très appréciée par ses collègues et
dans tous les syndicats.
Connaissant sa passion et son goût (très raffiné) pour la photographie, nous lui avons
offert un appareil photo qu'elle a utilisé avec plaisir pour ses voyages tout en nous
envoyant ses œuvres à la retraite. Elle a continué à être active dans les syndicats,
AAFI-AFICS BULLETIN, Vol. 83 No.1, 2024-04 16
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