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l’île saint-
Pierre, lieu
du vrai
bonheur de
Jean-Jacques
rousseau
Texte et photos :
Jean-Michel Wissmer
Le Klosterhotel Vous cherchez une île de rêve où la nature Paris. Romantique avant l’heure, il a initié la
préservée offre de merveilleuses promenades ? découverte des montagnes devenues grâce à lui
Page droite: Inutile de faire 15 heures d’avion : l’île Saint- à la mode, et inventant ainsi le tourisme alpestre
Le buste de Pierre se trouve à 1h30 de Genève, baignée par dont la Suisse a su si bien profiter. Il a dans ses
Rousseau les eaux vertes du lac de Bienne. Jean-Jacques Confessions inventé l’autoanalyse, ouvrant son
Rousseau en avait fait son paradis. cœur et son âme, ne cachant rien ou presque de
Chambre de sa vie. Il a écrit : « Voici le seul portrait d’homme,
Rousseau Habitée dès l’âge du bronze, site sacré pour peint exactement d’après nature et dans toute sa
les Romains, elle devint un haut lieu du vérité, qui existe et qui probablement existera
La trappe christianisme au 11 siècle grâce à la construction jamais ». Les idées nouvelles plaisent rarement à
e
d’un monastère de l’ordre de Cluny. Un hôtel tout le monde surtout quand elles annoncent une
occupe les lieux de cet ancien prieuré dont on révolution de la pensée et même la Révolution
peut encore admirer les vestiges. Mais l’île doit française.
avant tout sa célébrité à la présence de Jean-
Jacques Rousseau qui choisit de s’y installer Rousseau se sent persécuté et il l’est vraiment ;
quelque temps en 1765. L’illustre philosophe on brûle ses livres à Paris et Genève, on lapide sa
genevois cherchait un refuge loin du monde et maison jurassienne de Môtiers. Il est persuadé
de ses tracas. Et surtout loin de ses ennemis. Car que le monde entier fomente un complot contre
il avait l’art de susciter le rejet de par ses idées lui, sentiment qui se transformera en véritable
toujours controversées, car trop en avance sur paranoïa. Il faut fuir. Et l’île Saint-Pierre
son temps. Précurseur génial, il a écrit et pensé deviendra son refuge. Là, il se sent au paradis,
sur tout : l’éducation, la société et ses inégalités un paradis qu’il décrit dans les Confessions
(le colonialisme, l’esclavage), la religion, la nature et les Rêveries du promeneur solitaire : « Je ne
(c’était un passionné de botanique), l’amour, manquais point à mon lever, lorsqu’il faisait
l’art, sans oublier sa propre ville, Genève, l’anti- beau, de courir sur la terrasse humer l’air salubre
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