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Les données qu’utilise la macroéconomie                               29





                      de logement dont bénéficient les propriétaires que le PIB inclut le « loyer » que ces pro-
                      priétaires « se paient » à eux-mêmes. Ce revenu est bien entendu fictif. Pour l’évaluer,
                      on estime le loyer qui prévaut sur le marché pour un logement similaire et on ajoute ce
                      montant au PIB en tant que loyer imputé, et ceci tant au titre des dépenses des propriétaires
                      que des revenus de ceux-ci.
                             Les imputations interviennent également dans l’évaluation des services publics.
                      Ainsi, les pompiers, les policiers, ou encore l’ensemble des fonctionnaires rendent des
                      services aux citoyens. Il est cependant difficile de mesurer exactement la valeur de tels
                      services, car ils ne sont pas vendus sur un marché et n’ont donc pas eux non plus de prix
                      de marché. La comptabilité nationale les ajoute au PIB en les évaluant sur la base de ce
                      qu’ils coûtent. En fait, ce sont essentiellement les traitements des fonctionnaires qui sont
                      utilisés comme mesure de la valeur de leur production.
                             Il arrive fréquemment qu’une imputation de ce type soit souhaitable, mais on y
                      renonce pour des raisons de simplicité. Ainsi, tout comme le loyer imputé des logements
                      occupés par leur propriétaire, il faudrait idéalement inclure dans le PIB le loyer imputé des
                      propriétaires de voitures, des équipements de la maison, des bijoux et d’une série d’autres
                      biens durables détenus par les ménages. En réalité, la valeur de tels services n’apparaît
                      pourtant pas dans le PIB. S’y ajoutent la production et la consommation domestiques, qui
                      ne passent jamais par le marché : par exemple, les repas préparés à la maison n’ont rien
                      de différent des repas consommés dans un restaurant, mais pourtant la valeur ajoutée des
                      repas à domicile n’apparaît pas dans le PIB.
                             Enfin, on n’impute pas non plus la valeur des biens et services vendus dans l’éco-
                      nomie souterraine. On appelle économie souterraine la partie des activités économiques
                      que les citoyens cachent à l’État, soit pour éluder l’impôt, soit en raison du caractère
                      illégal de telles activités. La rémunération des travailleurs domestiques non déclarés fait
                      souvent partie de la première catégorie, le trafic de drogue de la seconde. La taille de
                      l’économie souterraine varie d’un pays à l’autre. Ainsi, aux États-Unis l’économie souter-
                      raine représente moins de 10 % de l’économie officielle, alors que dans certains pays en
                      développement, comme la Thaïlande, le Nigeria et l’Égypte, elle est aussi importante que
                      l’économie officielle.
                             Tant le caractère souvent approximatif des imputations que l’exclusion de nom-
                      breux biens et services du calcul du PIB font de celui-ci une mesure imparfaite de l’acti-
                      vité économique. Ceci rend particulièrement difficile la comparaison des niveaux de vie
                      d’un pays à l’autre. L’ampleur de l’économie souterraine, notamment, n’est pas identique
                      dans tous les pays. Par contre, pourvu que l’importance de toutes ces approximations
                      demeure relativement constante dans le temps, le PIB reste utile pour comparer l’évolu-
                      tion de l’activité économique d’un pays d’une année sur l’autre.
                      2.1.3  Le PIB réel et le PIB nominal

                      En utilisant les règles décrites ci-dessus, les économistes calculent le PIB, qui évalue
                      la quantité totale de biens et services produits par une économie. Mais le PIB est-il une
                      bonne mesure du bien-être économique ? Reprenons le cas de l’économie ne produisant
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