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TRAMPOLINE DEAD
J’actionne mon clignotant. Rien ne se passe. Je descends de
mon avion de tourisme. Rien ne se passe. Je suis sur la plage
du néant qui me dit bonjour entre mes orteils en éventail. Rien
ne se passe.
Et…tout se passe quand le trampoline à subitement cessé
d’être ce qu’il est… j’ai le goût en trois dimensions d’un kiviak
et là… je vomis.
J’entrevois entre brancard, perfusion, blouse blanche, ciel bleu
vert… des carmélites en voix dans le pavillon bord de plage de
la Baule les premières infidélités de l’été à jouer à l’automne
au violon d’un vent fragile comme une bougie au courant d’air
d’une prière vide de sens et de mots pleins de vénalité…
Je pleure aux marécages de mon impuissance et cette sonde
dans le nez intromission de l’inconvenance à la survie d’un rien
de moi et l’immobilité de corps et j’entends « dura lex, sed
lex » mais qu’est-ce qui ose ainsi imposer ces mots dans le
creux de mon oreille de… sang…
— Je suis le cucurbitacée de service, mon cher et j’ose…
— La certitude que je vais crier…
— Tu es seul… je te prends la main pauvre créature au concept
adipeux…
— STOP ! Assez !
— Tu hurles ? J’entends le lointain d’un mot, un murmure de
mort… mais qu’importe…
— Où est la douleur, le pincement d’artère… ma vie ?
— Une blessure pas plus importante qu’une épisiotomie…
— Je m’en fous… je veux de cette blessure entière et
complète…
— Qu’importe la blessure qu’elle soit de ninja ou d’un requin
blanc… tu es au bord d’un tout…
— Je m’en fous… je veux vivre, alors je ne sais pas qui tu es…
mais je veux de cette douleur de vie… tout de suite avant que
je ne te crache au visage, ordure…
— Cool man… tu vas retrouver ta douleur… d’ici peu…
Je respire mieux. J’ouvre les yeux. Je suis… je suis… Je ne
reconnais pas… et pas d’indice… et puis une voix…