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CRIQUE MORTEL

             J’aime me faire bronzer recto verso au soleil rieur hors des
             couettes nuageuses et parfois orageuses, entre dix heures et
             midi, seule et nue de préférence sur le sable d’une crique…
             privée et proprios absents.

             Il est onze vingt et… le nombril me chatouille… en creux. Je
             surface ma main à son endroit et dévisse un doigt onglé à
             l’intérieur… je vrille de gauche à droite.

             Est-ce un signe ? Quant à ma totale surprise une eau spacieuse
             s’étale à la verticale de mon allongement. Je me redresse à
             quarante-cinq degrés, chapeau de paille sautillant sur le sable
             et lunettes de soleil qui se gardent bien de se déstabiliser en
             un pareil moment…

             Je regarde de droite,  de gauche… rien qui m’alerte sur  un
             coquin   farceur,   un   obsédé   de   l’eau,   un   nuage   pisseux   par
             inadvertance…   rien,   si   ce   n’est   comme   une   ombre   sur   la
             tranche avec une forme qui n’est pas sans me rappeler… quoi
             donc ?… euh… un arrosoir géant…

             — Alors, ma belle on prend l’aise sur mon sable ?

             Et il parle. Je vis un instant instantané sans filtre… Je tranche
             avec moi-même qu’il y a une inversion de temps, une erreur
             des   choses   entre   l’inerte   et   le   vivant.   Bien   qu’auparavant
             j’étais sur le dos… inerte et bien vivante.

             Je   suis   abasourdie   par   ce   phénomène   et   il   est   vain   de
             contrarier ce moment de… délire… c’est ça je délire.

             Je   me  lève,   cherche   une  pierre  pour   chasser   cet   intrus.   Je
             trouve enfin un… gros squelette coquillage et jette ma colère,
             ma frousse, mon ignorance…sur un arrosoir, là, à six bras de
             moi, à ma gauche… et je l’atteins de plein fouet, au flanc et il
             s’écroule  sur   le  sable  chaud  comme   un   duvet  qui   vient  de
             sortir du lit.

             De suite, je cherche un élastique pour le ligoter…pour qu’il ne
             s’envole pas. Son restant d’eau se répand de plus en plus vite à
             mes pieds. Par chance, j’aperçois une bêche mis au coin pour
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