Page 25 - Nathalie Nkum
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B. L’Economie sociale de marché, à l’origine du miracle économique de l’Allemagne.
Après la Seconde Guerre Mondiale, l’Allemagne était meurtrie (en 1946-1947 le nombre moyen de
calories par jour et par personne était de 1800, un montant insuffisant pour la santé à long terme et des
millions de personnes mouraient lentement de faim surtout en hiver, source : www.melchior.fr/Le Plan
Marshall).
Elle était en partie détruite et divisée et elle engagea un processus de reconstruction qui porta ses
fruits d’une manière spectaculaire.
Au sortir de cette guerre, les puissances qui occupaient l’Allemagne s’accordaient pour poser de
strictes limites à la ré-industrialisation de l’Allemagne, voulant la cantonner en un pays agricole et
partant durablement inoffensif ; mais cette position devint rapidement intenable ; le marasme
allemand bloquait toute l’Europe et occasionnait des dépenses importantes pour les alliés.
En conséquence l’Allemagne aujourd’hui comprend mieux, la nécessité de ne pas cantonner une
économie étrangère à un niveau agricole, et saisi mieux l’utilité du développement économique de ses
partenaires commerciaux. Elle sait tirer parti des avantages comparatifs.
L’Allemagne entreprit une réforme monétaire, qui aboutit à l’adoption du Deutsch Mark, permit la
consolidation économique et l’adhésion au plan Marshal.
Le Ministre de l’Economie, Ludwig Erhard forge le concept d’économie sociale de marché. C’est à
l’origine, une idée simple, un concept qui progressivement est transposé dans l’économie allemande
et devient l’idée principale de la politique de la République Fédérale d’Allemagne. C’est un
mélange de deux systèmes, qui lie le principe de la liberté des marchés à celui de la compensation
sociale. En effet il marie les avantages du marché libre (liberté économique, le progrès technique) à
ceux de l’économie centralisée (le haut taux d’emploi, les faibles variations de la demande). A
l’opposé de nombreux désavantages de ces deux types d’économie sont gommés, comme l’abus de
liberté des marchés. L’Etat y a une position forte, et intervient dans les décisions économiques pour
l’intérêt public et se pose en coorganisateur des politiques sociales et économiques.
Le suivant Ministre de l’Economie, Karl Schiller, un des rares keynésiens allemands, plaide, sous la
pression du ralentissement économique, fortement en faveur d’une législation qui donnerait au
gouvernement fédéral et au ministère de l’Economie, une plus grande autorité pour guider la
politique économique. Selon Schiller, le gouvernement a l’obligation et la capacité d’impulser les
tendances économiques, d’établir les larges directives pour stimuler la croissance.
En 1967, la Bundestag entérine la loi favorisant la stabilité et la croissance, connue sous le nom de
Magna Carta de gestion économique moderne. Le succès économique ouest-allemand devra
dorénavant être mesuré par la stabilité, la croissance économique, le niveau d’emploi et la
balance commerciale.
La capacité de production industrielle fut rétablie, grâce à l’aide économique du Plan Marshall, car les
moyens financiers alloués étaient recyclés pour servir à d’autres activités, - contrairement à la France,
où ceux-ci étaient absorbés par le budget général - les entreprises furent modernisées, l’inflation
maîtrisée ; le solde du commerce extérieur redevint positif.
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