Page 43 - OPEX MAGAZINE - DOM TOM N° ANTILLES-GUYANE
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liation ». Cette dernière demande est rejetée par   l'accès de la grotte avec une mitrailleuse AA-52,
         Jacques Chirac qui préfère réaffirmer sa confiance   des fusils et des FAMAS pris lors de l'attaque de la
         aux hommes dépêchés sur place. Le Premier ministre   Gendarmerie. Lors du premier assaut qui dure une
                                                                               e
         précise : « toute mesure de conciliation ou de média-  heure, deux hommes du 11  Choc (l'adjudant Régis
                                                                      e
         tion reviendrait dans ces conditions à placer sur le   PEDRAZZA et le 2  classe Jean-Yves VERON) et douze
         même plan ceux qui, dans le territoire, se conforment   indépendantistes sont tués. Le deuxième assaut a
         aux lois et ceux qui les violent ».            lieu à 12h30. Après qu'un tir de lance-flammes a fait
                                                        reculer les ravisseurs réfugiés dans la grotte et que
         Dans le même temps, Bernard Pons échange, par   des hommes du 11  Choc y ont lancé des chapelets de
                                                                       e
         écrit, avec le général Vidal et évoque une action de   grenades, huit hommes du GIGN conduits par le chef
         force permettant « une libération sans concession des   de groupe Michel Lefèvre prennent pied à l'intérieur
         otages ».                                      de la grotte et y jettent des grenades lacrymogènes.

         Le 3 mai de nouvelles informations parviennent à
         l’Élysée. Le gouvernement informe le Président que
         les conditions pour une opération militaire sont réu-
         nies. La météorologie est favorable – le vent, la pluie
         permettraient une approche discrète – et l’on assure
         au Président que les pertes kanaks seraient limitées
         au minimum.

         Dans ces conditions, François Mitterrand donne son                                                         Prise d'otages d'Ouvéa
         accord à une intervention qui doit avoir lieu en début
         de soirée, le 3 mai – heure de Paris ; à l’aube du 4 mai,
         selon l’heure de Nouvelle-Calédonie.
                                                        Plusieurs autres ravisseurs sont tués tandis que deux
         Quelques heures plus tard, la présidence de la Répu-  jeunes indépendantistes sont faits prisonniers. Une
         blique apprend l’annulation de l’opération et la com-  dernière négociation s'engage. Et alors que les otages
         munication se rompt entre l’Élysée, Matignon et les   réussissent à s'échapper par une cheminée latérale,
         militaires sur place.                          Alphonse DIANOU et le dernier carré des preneurs

                                                        d'otages acceptent de se rendre.

                                                        L'opération a permis la libération de tous les gen-
                                                        darmes retenus en otages. Mais des membres du
                                                        FLNKS et  d'autres  indépendantistes  accusent  les
                                                        forces de l'ordre d'avoir « exécuté sommairement »
                                                        trois preneurs d’otages après l’assaut, d'avoir achevé
                                                        un blessé évacué entre les deux phases de combat et
                                                        d'avoir laissé mourir leur chef, Alphonse DIANOU. Les
                                                        témoignages détaillés des rescapés seront publiés
         Cette décision ne sera pas sans conséquence sur la   dans la revue indépendantiste BWENANDO ainsi que
         suite des événements : les conditions initialement   dans un rapport de La Ligue des Droits de l'Homme.
         prévues pour mener à bien l’opération ne sont plus
         réunies et la rumeur d’une intervention militaire est   Les sources sur cette question exposent des versions
         désormais sur toutes les lèvres dans l’archipel.  contradictoires. Les autorités militaires ont toujours
                                                        nié cette version. À la suite d'une enquête de com-
         Alors que sont libérés, à la surprise générale, les   mandement, Jean-Pierre Chevènement, ministre de
         derniers otages du Liban, l’assaut est lancé en Nou-  la Défense du gouvernement Rocard, relève « qu'au-
         velle-Calédonie sur la grotte. L’« opération Victor »   cun élément de l’enquête ne fait apparaître qu'il y a eu
         est déclenchée le 4 mai à 21h15 à Paris, 5 mai à 6h15   des  exécutions  sommaires » tout en évoquant des
         à Ouvéa, des hélicoptères faisant diversion pour que   « actes contraires au devoir militaire » et « des points
         puissent s'approcher les commandos. D'après Gilles   lui paraissant obscurs après l'évacuation d'Alphonse
         Ménage, l’Élysée n’est pas tenu informé.       DIANOU »16 ».

         Soixante-quinze hommes participent à l'assaut. La   Parmi les cas suspects, celui de Wenceslas LAVELLOI
         trentaine de preneurs d'otages combat et défend   (qui serait le meurtrier de deux gendarmes selon les
                                                                                                                  41
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