Page 42 - OPEX MAGAZINE - DOM TOM N° ANTILLES-GUYANE
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du 3 Régiment parachutiste, Paris envoie sur place Les preneurs d'otages, peu à peu lâchés par le bureau
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ses troupes d’élite : 48 "super-gendarmes" du GIGN et politique du FLNKS qui ne veut pas assumer la mort
de l'EPIGN, des hommes du 11e Choc (dépendant des des quatre gendarmes, constatent que la situation in-
services secrets), des fusiliers-marins du commando surrectionnelle qu'ils espéraient provoquer reste spo-
Hubert et une équipe lance-flammes du 17 Régiment radique. Un semblant de négociation s’engage. Selon
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du génie parachutiste. L’île d’Ouvéa est bouclée, dé- LEGORJUS, « Alphonse DIANOU voulait sortir vivant de
clarée « zone militaire » et interdite aux journalistes. cette affaire, avec ses camarades. J'expliquai à Bernard
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Pons que l'idée d'une reddition était possible. Après le
second tour de la présidentielle », mais l’échéance du
deuxième tour des présidentielles, précipite les évé-
nements et l’assaut est décidé du fait, selon le général
Prise d'otages d'Ouvéa
Vidal et Bernard Pons, ainsi que certains témoignages
de gendarmes pris en otage, de l'impossibilité de négo-
cier et de l'hostilité de certains des preneurs d'otages.
L'ASSAUT DE LA GROTTE :
Le dimanche 24 avril, le premier tour des élections RESPONSABILITÉS POLITIQUES
présidentielles marque une nette radicalisation du ET MILITAIRES
clivage entre les électorats : l'électorat loyaliste sanc-
tionne le RPCR avec une importante progression du D’après Gilles Ménage, alors directeur-adjoint du ca-
Front national, tandis que le mot d'ordre de boycott binet de François Mitterrand, cette crise est direc-
indépendantiste est largement suivi dans l'électorat tement gérée par Matignon. Le Président, averti des
mélanésien. On note trente-huit bureaux fermés. tractations depuis que LEGORJUS a téléphoné à son
camarade Christian Prouteau pour l'informer, exprime
Peu de Kanaks connaissaient l'emplacement de la sa réticence quant à une opération armée dont les
grotte. Les gendarmes recherchant les otages se conséquences rendraient tout dialogue impossible
heurtent à l'hostilité d'une partie des habitants, un dé- par la suite. Ne voulant pas interférer dans l'action du
tachement de Gendarmerie Mobile va même essuyer gouvernement au risque de faire échouer les tenta-
des coups de feu. tives de libération des otages (la France connaît alors
La grotte est finalement une période de cohabitation), François Mitterrand se
repérée le 27 avril, les contente dans un premier temps d’échanges verbaux
gendarmes ayant été gui- avec son Premier ministre.
dés par un habitant. Les Mais, le 30 avril, certains hauts responsables indépen-
militaires sont accusés dantistes adressent officiellement au Président une
d'interrogatoires musclés lettre relative à la situation sur place. Saisi directe-
sur les habitants de GOSSANAH : selon des témoins, ment, le Président de la République ne peut plus être
des jeunes de la tribu sont enchaînés à des poteaux et accusé de gêner le gouvernement.
maltraités devant leurs parents. Le même jour, le capi-
taine Philippe LEGORJUS, du GIGN, sous l'autorité du gé- Dès le lendemain, le dimanche 1 mai, il adresse donc
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néral Vidal, accompagné du substitut du procureur de une lettre officielle au Premier ministre. Il réclame
Nouméa, Jean BIANCONI, vont parlementer avec leurs d’être informé régulièrement de l’évolution de la prise
preneurs d'otages. DIANOU menace d'exécuter un des d’otage et qu’intervienne une réelle « mission de conci-
otages si LEGORJUS n'ordonne pas à ses hommes de
se constituer prisonniers. Six d'entre eux, dont le gen-
darme mélanésien Samy IHAGE (libéré par le groupe du
sud deux jours plus tôt), vont le rejoindre à la grotte.
Les huit hommes sont à leur tour pris en otages. Phi-
lippe LEGORJUS sera libéré le lendemain afin de servir
de médiateur. Puis le substitut BIANCONI bénéficiera
d'une liberté de mouvement qui, quarante-huit heures
avant l'assaut, lui permettra d'introduire dans la grotte
des clés de menottes, deux revolvers Smith et Wesson
et dix balles destinées aux membres du GIGN détenus
en sa compagnie.
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