Page 41 - OPEX MAGAZINE - DOM TOM N° ANTILLES-GUYANE
P. 41
l'époque rassemble la majorité des mouvements indé- ce qui est contredit par les documents d'autopsies,
pendantistes, rejette les élections régionales néo-ca- les témoignages de gendarmes et de médecins. La
lédoniennes de 1988 et appelle à un « boycott actif » famille de l'adjudant-chef MOULIE, décédé à Sydney
des élections. Un contingent supplémentaire de mili- le lendemain de l'attaque, maintient néanmoins la
taires et de gendarmes est envoyé sur l'archipel. thèse officielle, évoquant une falsification ultérieure
des documents afin de « favoriser l'amnésie ». Seul
le lieutenant Florentin (le cinquième gendarme grave-
ment blessé), atteint à la tête au début de l'action, fut
victime d'un coup de tamioc (la hache en usage chez
les Mélanésiens).
Les vingt-six autres gendarmes (dont 24 n'étaient pas
armés, les armes étant à l'armurerie conformément
au règlement), sont pris en otage et séparés en deux
groupes. Le premier groupe de onze otages, mené par
Chanel KAPOERIE, se rend dans le sud de l’île à MOULI
où les otages sont finalement libérés trois jours plus
tard, à la demande des « vieux » et des coutumiers.
Le second groupe de quinze otages conduit par Al-
L’ATTAQUE DE LA GENDARMERIE phonse DIANOU (ancien séminariste s'occupant des
Le vendredi 22 avril 1988 au matin, à FAYOUE, sur l'île jeunes du FLNKS) est emmené dans une grotte située Prise d'otages d'Ouvéa
d'Ouvéa, deux jours avant le premier tour de l'élec- dans le nord de l'île, près de la tribu de GOSSANAH. La
tion présidentielle, une soixantaine d'indépendan- plupart des villages, même indépendantistes, avaient
tistes kanaks et membres du FLNKS, attaquent la refusé de les accueillir.
gendarmerie (les trois gendarmes permanents étant
récemment renforcés par vingt-huit gendarmes
mobiles), dans le but de l’occuper jusqu’au jour du
deuxième tour en prenant les gendarmes en otage.
L'attaque a été préparée par DIANOU et ses hommes,
forts des événements de TIETI qui se sont dérou-
lés deux mois plus tôt. Quatre gendarmes (l’adju-
dant-chef Georges MOULIE ainsi que les gendarmes
Edmond DUJARDIN, Daniel LEROY et Jean ZAWADZKI)
sont tués par balles (dont deux auraient été tués
de sang-froid alors qu'ils n'étaient pas armés), trois
Des actions similaires étaient prévues à Lifou et Maré,
mais selon Jean GUIART n'eurent pas lieu pour des
raisons coutumières diverses. Eloi MACHORO a eu
l'idée de l'opération, en prévoyant d'être sur place,
pour éviter toute dérive. Eloi mort, TJIBAO et YEIWENE
ont donné les instructions, sans assister à l'attaque.
LA PRISE D’OTAGES
En vertu d'une réquisition spéciale signée par le
Haut-Commissaire du gouvernement, Clément BOU-
HIN, le commandement des opérations est confié dès
le 23 avril au général Jacques Vidal, chef des Forces
indépendantistes sont blessés (dont deux légère- armées de Nouvelle-Calédonie (FANC). Alors que plu-
ment) et un cinquième gendarme est gravement sieurs escadrons de gendarmerie mobile ont déjà été
blessé (le lieutenant Jean FLORENTIN). Les médias acheminés sur Ouvéa pour participer aux recherches
de l'époque relayant les propos du Premier ministre aux côtés de détachements de l'EPIGN, du RIMaP (Ré-
Jacques CHIRAC annoncent pourtant que les trois giment d'infanterie de marine du Pacifique), d'une
er
gendarmes ont été « massacrés à l'arme blanche », compagnie de marche du 1 Régiment d'infanterie et
39