Page 100 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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La mafia des généraux
- Qu'ils aillent au diable. Je sais, ce sont des pour-
ris, des fils de pute. Mais arrête, Hichem, de faire la forte
tête. Qu'est-ce que tu vas gagner? Demain, ils te ferme-
ront ton journal. Comment vas-tu rentrer à Oum El Boua-
gbi et quel regard porteront sur toi tes cousins? Tu auras
tout perdu. Voilà pourquoi, les Chaouias, vous ne réussis-
sez jamais dans vos entreprises. Vous êtes trop secs. Vous
ne savez pas plier comme le roseau.
C'est le raisonnement des médiocres. On n'est bien
vu par ses proches que si on a un quelconque pouvoir.
Pour ne pas perdre ce pouvoir, ils n'hésiteraient pas à bais-
ser leur pantalon. Je quittai son bureau en lui envoyant une
deuxième bordée d'injures:
- Mohammed, tu es en train de vivre ton présent
sans penser à l'avenir. Plus tard ton fils baissera les yeux
devant le mien. Il ne sera jamais fier de toi.
Quelques mois plus tard, lorsque je le croisai chez un
ami commun, c'est lui qui n'osait pas lever les yeux et
me regarder en face. Mon journal venait d'être interdit de
parution. J'avais été arrêté et placé en garde à vue pendant
quarante-huit heures; je n'avais plus rien. Mais c'était lui
qui supportait péniblement les moqueries que je lui assé-
nais indirectement en ID'adressant à notre ami commun,
sans qu'il bronche.
Affecté par la suite à Batna, où il se considérait
comme le gardien de la ville du président Zeroual, il s'est
distingué lors de la présidentielle de 1995 en s'adonnant à
distance, avec le wali de Tissemsil~ à une véritable suren-
chère sur le taux de participation aux élections. Jusqu'à
une heure tardive de la nuit, la télévision algérienne n'arrê-
tait pas de réviser à la hausse le taux de participation, tan-
tôt à Tissemsilt, tantôt à Batna.
Dans la capitale des Aurès, il fera le rabatteur des