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En conclusion


        Le  passage  MDD  à  MDR,  dicté  par  la  commission  Européenne,  qui  vise  à
        instaurer  un  cadre  réglementaire  solide,  transparent  et  durable,  reconnu  au
        niveau international, renforçant la sécurité clinique pour les patients et rendant
        l’accès au marché plus équitable pour les fabricants atteindra t il son objectif ?

        Certes côté patient on peut imaginer que le renforcement du suivi clinique par le
        fabriquant  ne  peut  être  que  bénéfique  (les  communautés  de  chirurgiens
        n’effectuent elles pas déjà ce suivi ?), et en tant que fabriquant on peut se féliciter
        de  l’aspect  « ménage »  qu’il  réalise  tant  vis-à-vis  d’organismes  notifiés  « un  peu
        légers »  qu’au  niveau  de  la  non  sécurité  des  produits  qui  pouvaient  être  agrées
        par ces organismes et la concurrence déloyale qui pouvait en découler. Mais ce
        « coup de ménage » ne risque t il pas aussi de se retourner contre le service rendu
        au patient ?. Ne fonçons nous pas tous droit dans un mur ?

        En  effet,  la  lourdeur  du  système  MDR  mis  en  place,  son  temps  de  réponse
        insuffisant  et  le  budget  pharaonique  qui  en  découle  pour  le  fabriquant, produit
        par produit,  amène ce système à être encore plus complexe, long et couteux que
        la  fameuse  et  redoutée  Food  and  Drug  Administration  (FDA),  portail
        incontournable du marché américain, et au final risque de « tuer » des produits
        qui rendent un service médical incontestable mais insuffisamment documenté ou
        peu  utilisé,  voir  des  petites  entreprises  (innovantes,  souvent  Françaises),  qui  ne

        pourront pas mettre le budget nécessaire. Est-ce par exemple une protection du
        patient que de retirer du marché un implant swanson, qui depuis tres longtemps
        reconnu comme « la solution de secours », mais qui ne justifiera pas en terme de
        cout l’investissement du renouvellement de son marquage CE ? .

        Ainsi un industriel américain du medical device (bientôt un pléonasme  ?)  qui
        examinera  la  rentabilité,  produit  par  produit,    devra  se  poser  la  question  de
        pourquoi  maintenir  sur  le  marché  européen  un  produit  ayant  un  petit  marché
        (produit de la main, du coude…), un faible prix de vente (comparé au prix US) et
        un  cout  de  mise  et  maintien  sur  le  marché  supérieur  au  chiffre  d’affaire
        envisagé ?  Les  années  2020  et  suivantes  vont  être  critiques  pour  le  milieu  du
        dispositif  médical en  Europe,  et  il  n’est  pas  sûr  que  le patient  en  sortira  mieux
        traité !

         (1)Par  «mise  sur  le  marché»,  on  entend  la  première  mise  à  disposition  sur  le
           marché de l’Union d’un dispositif

        (2)Par  «mise  à  disposition  sur  le  marché»,  on  entend  toute  fourniture  d’un
           dispositif,  autre  qu’un  dispositif  faisant  l’objet  d’une  investigation,  destiné  à
           être distribué, consommé ou utilisé sur le marché de l’Union dans le cadre d’une
           activité commerciale, à titre onéreux ou gratuit.



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