Page 175 - PJCM2019
P. 175

Comme on peut l’imaginer, les consultants, les fabricants et les organismes notifiés
        ont vu leur charge de travail augmenter de manière exceptionnelle à l’approche

        de  l’échéance  de  mai  2020,  et  le  développement  de  nouveaux  produits  s’en  est
        trouvé d’autant ralenti.

        En  premier  lieu  au  niveau  des  organismes  notifiés  (organismes  qui  délivrent  le
        marquage CE) : ceux cis doivent être désignés (cad habilités) au titre du nouveau
        règlement. Ils devront répondre à des critères plus stricts, en particulier du point
        de vue des compétences cliniques. Le processus de désignation, qui peut prendre
        jusqu’à 12 mois ou plus, mobilise des évaluateurs issus des autorités nationales et
        des autorités européennes.

        Alors qu’il existait 90 organismes notifiés en Europe en 2012, ils n’étaient plus que
        58 en 2019, dont 40 déposaient leur demande d’habilitation, et seulement 2 étaient
        habilités en juin 2019 ! (Allemand et Anglais). Il était estimé que 20 organismes
        seraient  désignés  à  fin  2019 :  même  si  ce  chiffre  était  respecté  (cela  ne  sera
        probablement pas le cas), les fabricants se trouvent donc face à un « entonnoir »,
        fonctionnant sur le principe « first arrived first served », risquant très fortement
        de ralentir l’obtention des certificats CE basés sur le règlement. Le fabriquant est
        libre de choisir l’organisme notifié à qui il va soumettre ses dossiers de marquage
        CE, il est bien entendu tenu de vérifier si cet organisme sera désigné au titre du
        nouveau règlement et si sa désignation couvrira l’ensemble de ses produits, et doit
        donc planifier les échéances des certifications de son portefeuille de produits, en

        tenant  compte  de  la  disponibilité  de  ce  dernier  (liée  notamment  à  sa  date
        d’habilitation !) et de la nécessité d’informations supplémentaires concernant ses
        dispositifs  et  des  dispositions  transitoires  du  nouveau  règlement  (besoin  de
        données cliniques ou de tests supplémentaires…).

        En pratique on peut aisément faire un rapide calcul à titre d’exemple : imaginons
        une  entreprise  qui  possèderait  un  portefeuille  de  50  produits  développés  et
        marqués  CE  selon  la  MDD  sur  une  période  de  20  ans,    elle  se  retrouve  dans
        l’obligation  de  « re-marquer »  CE  ces  50  produits  (même  ceux  sur  le  marché
        depuis 20 ans, connus et reconnus par la communauté chirurgicale)sous MDR sur
        une  période  de  quelques  années  …d’où  un  besoin  au  minimum  si  les  exigences
        étaient  identique  (ce  qui  n’est  pas  le  cas)  de  6  fois  ses  ressources  (R&D,
        réglementaires,  cliniques),  et  l’obligation  d’effectuer  un  tri  dans  les  produits  à
        conserver sur le marché et des arbitrages sévères en perspective, car quand bien
        même elle alignerait toutes les ressources internes ou sous traitées pour préparer
        les  dossiers  CE,  le  « goulot  d’étranglement »  de  l’organisme  notifié  fera  que  tous
        ces dossiers ne pourront pas passer dans les temps.








        175
   170   171   172   173   174   175   176   177   178   179   180