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Apprendre A la recherche
de son clown intérieur
Véronique Verbeke est agricultrice à Hétomesnil dans l’Oise. Elle a participé,
les 13 et 14 mai 2019, à la formation « Trouver son clown intérieur » à la Ferme Théâtre
Chapiteau de Lommoye qui abrite la compagnie professionnelle de clowns Etincelle
Bouillasse. Elle témoigne de cette aventure originale et passionnante que 15 autres
agricultrices ont aussi vécue.
éronique Verbeke exploite, avec son mari, double actif, Ce travail sur le clown est venu réveiller pas mal d’émotions.
une ferme de 105 ha en blé, betteraves, colza et orge, Nous avons vu des filles plutôt dans la réserve déclencher le rire
Vainsi qu’une activité de terrassement. En 2016, elle in- juste avec quelques mouvements. Ça a révélé les personnes les
tègre le Cernodo (1). L’année 2019 marque les 50 ans de l’asso- plus discrètes. Le clown nous a vraiment permis d’aborder une
ciation : l’idée de faire une pièce de théâtre pour raconter ces grande palette d’émotions et nous a été utile pour la prépara-
50 ans d’histoire est actée. Lorsque la présidente du groupe fé- tion de notre pièce de théâtre.
minin, Marie-Pierre Crosnier, propose cette aventure, tous les Ce qui était intéressant également dans cette formation,
agriculteurs-trices du groupe adhèrent. c’est le fait d’être sur place, de partager les repas avec cet
« agriclownteur » et de pouvoir échanger avec lui sur des ques-
Travaux-et-Innovations : Quels étaient les objectifs de tions plus personnelles. Par ailleurs, le fait qu’il soit agriculteur
la formation « Trouver son clown intérieur » ? est un plus car il comprend les problématiques de la profes-
Véronique Verbeke : L’idée était de nous amener à élargir la sion, qui mêlent vie de famille et travail, poids de la succession,
palette de nos modes d’expression, notamment pour alimenter obligation de réussite et aussi les contraintes administratives
le travail en cours sur la pièce de théâtre. Cette formation venait et financières.
en complément, c’était un plus. Et puis nous connaissions la
compagnie professionnelle de clowns Etincelle Bouillasse
et son créateur et dirigeant, Olivier Guitel, qui est agricul-
teur, « agriclownteur », directeur artistique et qui a animé ces
deux jours. C’était aussi une occasion de se retrouver toutes
ensemble puisque 17 des 18 membres du groupe féminin de
développement agricole ont participé, alors que seules 5 ou 6
d’entre elles participent à la pièce de théâtre.
T.I. : Qu’avez-vous appris pendant ces deux jours ? Com-
ment avez-vous travaillé le clown ?
V. V. : Nous avions pour consigne de venir avec des vêtements,
chaussures, accessoires pour nous habiller en clown, Olivier
Guitel fournissant le nez. L’approche de départ est très similaire
à ce que nous faisons en théâtre, avec des exercices d’échauffe-
ment de voix, de placement sur la scène, etc.
Ensuite nous avons abordé des exercices qui demandaient
plus d’engagement personnel, comme par exemple jouer, en
clown, deux situations ou deux humeurs opposées (vieille/
enfant – triste/heureuse). Olivier Guitel proposait aussi des
exercices avec des contraintes particulières, comme rester
immobile un certain temps. Or, l’immobilité complète est très
difficile, voire impossible et révèle beaucoup de nos émotions
dans des micros-mouvements, notamment des mains ou des
yeux.
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4 Travaux Innovations numéro 266 - mars 2020