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FUTUROLOGIE Destination Titan

ainsi que des instruments à infrarouge pour voir à tra- et à la Terre. L’analyse d’une multitude de données de vue aériennes fourniront un contexte de géologie
vers le brouillard de méthane et d’azote de l’atmos- recueillies pendant treize ans par la sonde Cassini a de surface et seront utilisées pour repérer les potentiels
phère et révéler certaines caractéristiques de la surface permis de déterminer un site d’atterrissage sûr ainsi sites d’atterrissage. Son imageur microscopique
de Titan. En combinant les données ainsi recueillies, que plusieurs endroits potentiellement intéressants à repèrera des matériaux à la surface aussi petits que des
une équipe de planétologues a ensuite pu dresser la visiter. Il est prévu qu’il se pose tout d’abord dans grains de sable et les scientifiques utiliseront ces images
première carte géologique complète de Titan qui ré- les dunes équatoriales de Shangri-La, un endroit pour caractériser les structures géologiques et fournir
vèle que sa surface présente six formations géomor- qui ressemble étrangement aux dunes linéaires de un contexte aux échantillons qui seront prélevés. Il
phologiques différentes : des plaines (des régions larges Namibie en Afrique australe. sera aussi doté d’un lidar qui lui permettra de détecter
et relativement plates, situées aux moyennes latitudes © NASA/JHU-APL. en temps réel les éventuels dangers.
et couvrant 65% de sa surface), des dunes (principa- Le Dragonfly ne sera pas déposé au sol (comme
lement linéaires produites par les vents dans l’atmos- c’est le cas pour les rovers envoyés sur Mars) mais En s’appuyant sur la conception de l’instrument SAM
phère, circonscrites près de l’équateur, et occupant libéré dans la basse atmosphère de Titan (à 1,2 km Dragonfly en plein vol. (Sample Analysis at Mars) du rover Curiosity et sur celle
17% de la surface), des collines à de hautes latitudes d’altitude) après une descente d’environ deux heures du MOMA (Mars Organic Molecular Analyzer) du
et des montagnes (couvrant 14% de la surface), des qui sera freinée par son bouclier thermique puis sur Mars. Après cela, il pourrait éventuellement rover Rosalind Franklin de la mission ExoMars 2020,
cratères (les chercheurs ont pu en identifier vingt-trois successivement par deux parachutes. Après les avoir recevoir une extension ce qui lui permettrait alors une équipe d’ingénieurs du Goddard Space Flight
mesurant plus de 20 km de diamètre), des terrains la- largués, il actionnera alors ses rotors pour la toute de fonctionner pendant encore environ huit ans à la Center de la NASA est chargée d’élaborer le DraMS
byrinthiques (des plateaux découpés de canyons et de première fois dans le ciel de Titan afin de déterminer surface de Titan. (Dragonfly Mass Spectrometer), un spectromètre de
vallées fluviales) et plus de 650 lacs situés aux pôles le meilleur endroit où atterrir. masse doté d’une capacité de désorption laser et de
(dont certains sont secs tandis que d’autres sont rem- chromatographie en phase gazeuse, qui sera chargé
plis de méthane liquide ou d’éthane). Cette carte de- Entre deux vols, il en profitera pour faire des Ses caractéristiques et la d’effectuer l’analyse chimique des échantillons prélevés
vrait aider à planifier les futures missions d’exploration observations du sol et envoyer les données qu’il à la surface de Titan.
de la surface de Titan comme, par exemple, celle du aura collectées vers la Terre. Après avoir relevé des composition de sa charge utile
drone, baptisé Dragonfly. mesures scientifiques à un endroit et prélevé des En partenariat avec l’APL, une autre équipe du
échantillons puis rechargé sa batterie, il effectuera Goddard Space Flight Center de la NASA va s’occuper
de nouveaux vols de surveillance pour déterminer de construire le DraGNS (Dragonfly Gamma-Ray
Le déroulement de la mission son prochain site d’atterrissage. Ces vols pourraient and Neutron Spectrometer), un spectromètre à rayons
s’étendre sur 24 km, (soit 8 km pour se rendre sur un
gamma et neutrons, qui permettra de déterminer la
du Dragonfly nouveau site, explorer les alentours sur 8 km, puis composition élémentaire du sol sous le Dragonfly sans
8 km pour revenir à son point de départ). Ces vols prélever d’échantillons. Cette analyse rapide de la
devraient durer environ 30 à 40 minutes, s’élever surface réalisée sur chaque nouveau site d’exploration
jusqu’à environ 4 000 m d’altitude et s’effectuer à aidera l’équipe scientifique à déterminer le type
une vitesse d’environ 35 km/h. Le Dragonfly sera d’échantillonnage éventuellement nécessaire et si une
ainsi en mesure de visiter et d’explorer des dizaines analyse chimique détaillée doit y être effectuée.
de sites distants chacun de plusieurs dizaines de Le Dragonfly embarquera également une série de
© NASA / Goddard Media Studios. Sa destination finale sera le cratère de Selk, qui © NASA – JPL – Space Science Institute. chargé de détecter et d’enregistrer toutes vibrations
kilomètres.
capteurs de météorologie ainsi qu’un sismomètre

du sol à la surface de Titan. Par ailleurs, des forets
est le site d’un ancien impact de météorite où les
scientifiques pensent que de l’eau liquide ainsi que
rotatifs à percussion fixés sous ses patins d’atterrissage
des matières organiques complexes, notamment de
lui permettront de prélever des échantillons qui seront
éléments constitutifs de la vie) ont déjà existé dans
jusqu’au DraMS qui se chargera de les analyser sur
photos.
le passé pendant des dizaines de milliers d’années et
place.
Vision d’artiste du Dragonfly en repos entre deux vols. l’hydrogène, de l’oxygène et de l’azote (qui sont des Reconstitution de la surface de Titan par le biais d’une mosaïque de acheminés par un système de transfert pneumatique
auraient pu se mélanger. Le Dragonfly devrait mesurer environ 3 m de long et
Le lancement de la mission du Dragonfly est programmé de large pour un poids de 450 kg et sera doté de quatre Tous ces instruments, qui sont en cours de
pour 2026 avec une arrivée sur Titan en 2034. Il y Au cours de sa mission initiale qui devrait durer près paires de rotors. Il sera équipé de diverses caméras : développement, vont être testés dans des conditions
effectuera une mission au cours de laquelle il se rendra de trois ans, le Dragonfly devrait parcourir environ des caméras optiques serviront pour la navigation analogues à celles de Titan à l’APL (Applied Physics
dans différents endroits prometteurs à la recherche de 175 km, soit près du double de la distance déjà tandis que d’autres seront chargées de prendre des Laboratory) de la NASA dans le Maryland ainsi que
processus chimiques prébiotiques communs à Titan parcourue à ce jour par l’ensemble des rovers présents images en vol ainsi qu’à la surface de Titan. Les prises dans d’autres laboratoires aux USA.

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