Page 15 - RELAIS N°2
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Réjouissons-nous  toutefois.  C’est  parce  que
             nos  économies  sont  interdépendantes  sur  le
             plan  économique  et  que  la  crise  sanitaire  n’a
             épargné  aucune  d’entre  elles  que  nous  ne
             devrions  pas  connaître,  même  au  plus  fort  de
             la  crise  économique  qui  se  profile,  une
             récession  aussi  forte  qu’elle  n’aurait  pu  l’être.
             En effet, l’ensemble des Etats et des Banques
             Centrales  ont  décidé,  dans  des  temps  record,
             des  injections  massives  de  liquidités  pour
             soutenir   l’économie,    en    s’affranchissant
             d’ailleurs  de  tous  les  dogmes  de  maîtrise  des
             déficits  publics  qui  ont  guidé  leurs  politiques
             ces  dernières  années.  Certes,  des  asymétries
             existeront,  et  certains  Etats  étant  plus
             durement  touchés  que  d’autres  manipuleront
             le levier budgétaire avec moins de parcimonie.
             Mais  dans  l’ensemble,  à  la  sortie  de  la  crise
             sanitaire, les grandes économies de ce Monde
             se seront davantage endettées… auprès d’elles
             -mêmes,      de     leurs    populations,     et
             d’investisseurs  étrangers.  Et  le  bilan  de  la
             plupart    des    Banques     Centrales    sera
             hypertrophié.
                                                                Il  est  d’ailleurs  possible  de  retrouver  ce
                                                                pragmatisme dans les choix politiques opérés
                                                                depuis  le  début  de  la  crise.  Pour  ne  prendre
             Cette  profonde  symétrie  et  synchronicité  de   que  le  cas  français,  au  plan  de  soutien  d’Air
             l’endettement  a  toutes  les  chances  de  faire  France (9 Md€) s’est ajouté un plan de 10 Md€
             naître  une  solidarité  existentielle,  en  cela  que  dont  bénéficiera  l’ensemble  de  la  filière
             les  grands  acteurs  de  l’économie  mondiale     aéronautique.  Ce  sont  également  plus  de  8
             n’auront  aucun  intérêt  qu’un  de  leurs         Md€    et   de   18    Md€    qui   vont   être
             partenaires  institutionnels  et  commerciaux      respectivement  injectés  dans  les  industries
             fasse  défaut  et  s’enfonce  trop  profondément   automobile  et  touristique,  notamment  pour
             dans  la  crise.  Dans  un  tel  contexte,  qui    mener  à  bien  des  projets  antérieurs  (tels  que
             prendrait  le  risque  de  ne  pas  soutenir  une  le  Futuroscope  2)  parfois  bien  éloignés  des
             banque  majeure  en  difficulté,  quand  on        objectifs  de  tourisme  durable.  Il  ne  faut  pas
             connaît  les  effets  de  propagation  mondiaux    s’en  étonner.  En  temps  de  crise,  les
             qui  sont  nés  de  la  chute  de  Lehman  Brothers  gouvernements  ont  une  propension  marquée
             en  2008  ?  Prenons  également  le  pari  que  les  pour la préservation « quoi qu’il en coûte » de
             grandes zones économiques et monétaires ne         l’existant,  car  c’est  celui  qui  limite  les
             devraient  pas  renouveler  l’expérience  de       destructions  d’emplois  massives  sur  le  court-
             l’austérité  budgétaire  imposée  avec  la  plus   terme,  et  ce  faisant,  apaise  l’électorat.  Et  tant
             extrême  des  fermetés,  quand  on  a  vu  ce  qu’il  pis  si  cela  revient  à  préserver  les  rentes  de
             a coûté à la zone euro de pressuriser la Grèce     situation   plutôt   que   de    préparer   les
             comme  elle  l’a  fait.  Le  Monde  est  devenu  too  investissements  d’avenir,  notamment  dans  la
             big to fail, car le décrochage trop brutal d’une   transition  écologique  :  l’appareil  productif
             économie    majeure    risquerait   d’entraîner    national  est  lui  aussi  too  big  to  fail  !  Osons
             toutes les autres dans son sillage.                alors  une  simple  question  :  est-ce  avec  les
                                                                méthodes     et   acteurs   d’hier   que   nous
                                                                pourrons bâtir le monde de demain ?










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