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Frêne | Fraxinus excelsior et Fraxinus ornus
Arbre magique, arbre de santé, le frêne est multiple et il serait plus exact de parler de frênes au pluriel. Car le frêne commun (Fraxinus excelsior) et le frêne à manne (Fraxinus ornus) n’ont pas le même habitat, même s’ils ont presque les mêmes propriétés.
Le frêne commun peut atteindre 40 mètres de haut. Son écorce est sombre et crevassée. Ses bourgeons, au prin- temps, sont noirs. Ses fleurs, sans calice ni corolle, sont couleur rouille. Elles apparaissent, en grappes, avant les feuilles, à partir de mars.
Plus petit que son cousin, le frêne à fleurs dépasse rare- ment 10 mètres. À partir de mai, il se couvre de belles fleurs blanches, très odorantes. Spontané en Corse et en Provence, il est cultivé dans de nombreuses régions méditerranéennes, notamment en Sicile.
Excelsior et ornus contiennent les mêmes principes chimiques et notamment la fraxine, du rutoside (un anti-inflammatoire), de la mannite (ou mannitol), des polyphénols, des mucilages, des gommes, des tanins, des sucres, des huiles essentielles, des minéraux (cuivre, fer, potassium...) et des vitamines (C et P). Le frêne, longtemps utilisé comme substitut du quinquina, est digestif, fébrifuge, diurétique, antigoutteux, antirhuma- tismal, antalgique et purgatif.
Sainte-Hildegarde conseillait les tisanes de frêne pour éliminer les rhumatismes. La sève est un laxatif très doux, si doux qu’on l’utilise pour la constipation in- fantile. Les feuilles contiennent de la mannite et, par conséquent, produisent un effet semblable. Excellent diurétique et dépuratif, le frêne est efficace contre les infections urinaires et les œdèmes. Les infusions de frêne sont aussi conseillées pour réduire le cholestérol et l’artériosclérose. Par ailleurs, des études ont montré que la mannite est un capteur de radicaux libres et que
les polyphénols sont antioxydants. Ces substances par- ticipent à la régénération des cellules et à la protection tissulaire des articulations.
L’écorce de l’excelsior était si souvent utilisée au début du XXe siècle comme substitut du quinquina que la France en importait plusieurs dizaines de tonnes. Pour éliminer la fièvre ou redonner un bon coup de fouet, on en faisait des décoctions (1 poignée par litre d’eau à faire bouillir pendant 5 à 10 minutes. 3 tasses par jour). On peut rem- placer l’écorce par des racines pour les mêmes affections (rhumatismes, fatigue, fièvre).
On fait aussi des macérations vineuses : 30 g d’écorce (ou de racine) de frêne + 30 g d’écorce de saule (ou d’aulne) dans 1 litre de vin. Préférez un bon vin blanc (crépy, sancerre, chablis, gaillac, muscadet, gros- plant...). 1 petit verre matin et soir maximum.
La sève (ou manne) est obtenue par incision. C’est un sucre naturel aux effets laxatifs. On en trouve dans cer- tains magasins de produits naturels.
S’il n’est pas toujours facile de se procurer de l’écorce, des racines ou de la manne, vous trouverez sans aucune difficulté des feuilles de frêne sèches (en vrac ou en gélules). Les infusions de frêne (1 poignée pour 1 litre d’eau, 2 à 3 tasses par jour) ne sont pas réputées pour leur goût. Pour y remédier, associez le frêne avec une autre plante qui, soit potentialisera ses effets (feuilles de cassis, tilleul...), soit soulagera un autre mal (olivier pour l’hypertension, artichaut ou chardon-marie pour le foie, etc.). On peut aussi ajouter du citron ou sucrer avec du miel.
Fumeterre | Fumaria officinalis
La plante pousse dans les lieux cultivés, elle aime par exemple les champs, mais aussi les terrains vagues et le bord des fossés. On la récolte quand ses petites fleurs blanc rose, au mois de juin, s’épanouissent, car ce sont elles qui contiennent les précieux principes actifs. Em- ployée depuis des millénaires pour réguler la vésicule biliaire et purifier le teint, c’est un remède idéal pour mieux digérer et chasser les imperfections de l’épiderme. On l’emploie aussi bien en cas de maladies cutanées
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