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NUTRITHÉRAPIE
Le puzzle
ALZHEIMER
Les quatre piliers de la maladie
Didier Le Bail
Alzheimer est une maladie chronique complexe qui ne se résume pas à une accumulation de « plaques » dans le cerveau.
Une approche globale de la maladie nécessite la prise en compte d’autres paramètres (métabolisme énergétique, stress oxydatif, poids de la génétique...) que l’on peut regarder comme autant de pièces d’un puzzle :
le « puzzle » Alzheimer.
Zoom sur les quatre principales pièces de ce puzzle.
Dans sa forme tardive, de loin la plus répandue, LE PILIER DES PROTÉINES NEUROTOXIQUES la maladie d’Alzheimer repose sur quatre grands
piliers :
une susceptibilité génétique (présence du gène
apoE sous sa forme E4) ;
une crise énergétique neuronale marquée par une
diminution très précoce du métabolisme du glucose ;
des défaillances dans la régulation de deux pro- téines inoffensives au départ, mais qui deviennent toxiques pour le cerveau (protéine amyloïde + pro- téine tau) ;
une dégradation du terrain biologique s’expri- mant notamment sous la forme d’un stress oxydatif qui fragilise en premier lieu les mitochondries, des petites structures spécialisées assurant la production d’énergie dans les neurones.
Le cadre étant posé, analysons maintenant d’un peu plus près ces différents piliers, qui constituent autant de pièces essentielles du puzzle Alzheimer.
La maladie d’Alzheimer se caractérise par des dé- faillances dans la régulation de la protéine amyloïde et de la protéine tau. Cela a pour effet de favoriser la formation des lésions spécifiques de la maladie : plaques séniles à l’extérieur des neurones et enchevê- trements de filaments à l’intérieur des neurones.
Ce n’est pas le fait du hasard si j’ai choisi de m’attarder en premier sur le pilier des protéines neurotoxiques. En effet, bien qu’elle ait aujourd’hui beaucoup perdu de sa superbe, l’hypothèse dominante dans le milieu de la recherche biomédicale est que ces protéines neurotoxiques participent de façon décisive à l’appari- tion et à la progression de la maladie dans le cerveau.
Cette hypothèse est connue sous le nom de théorie de la cascade amyloïde. « Amyloïde » parce que dans l’histoire naturelle de la maladie d’Alzheimer, ce sont les plaques amyloïdes qui apparaissent en premier dans le cerveau, et de façon très précoce, qui plus est. Se- lon la théorie, la constitution de ces dépôts amyloïdes initie une « cascade » d’évènements, en particulier le
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