Page 113 - Rebelle-Santé n° 198
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pathologies
à la base du cerveau, puis un 4e dans le tronc cérébral. Les ventri- cules communiquent entre eux et le liquide passe naturellement de l’un à l’autre par le simple phéno- mène de la déclivité. C’est au ni- veau de la paroi interne des ventri- cules latéraux qu’est synthétisé le LCR. Puis le LCR passe du 4e ven- tricule dans la colonne vertébrale cervicale pour se répandre autour de la moelle épinière par des ori- fices naturels, les trous de Magen- die et de Luschka. Tout ce qui peut s’opposer à la libre circulation du LCR à un quelconque endroit peut provoquer une augmentation de la quantité de LCR en amont avec, comme conséquence, une dilata- tion des ventricules.
UN pRoBlÈMe De RÉsoRptioN DU LiqUiDe céphaLo-rachiDien
L’hypersécrétion de LCR et/ou l’ab- sence de résorption peuvent abou- tir à une dilatation ventriculaire. Ce liquide est synthétisé en per- manence (renouvellement complet du LCR 3 à 4 fois par jour !), puis résorbé par l’une des 3 méninges, la méninge dite « arachnoïde » au niveau de formations qu’on ap- pelle « granulations de Pacchioni » et qui se situent au contact même des circonvolutions cérébrales. Dans l’HPN, c’est la résorption du liquide qui pose problème. Plus précisément, ce défaut de résorp- tion est lié à la sclérose des granu- lations de Pacchioni.
pRessioN NoRMale
À la grande différence de l’hy- drocéphalie chez l’enfant, qui s’ac- compagne d’une augmentation du périmètre crânien (voir encadré), dans l’HPN, la pression est nor- male, car l’écoulement du LCR est conservé. De ce fait, le périmètre crânien reste normal.
À paRtiR De 60 aNs
L’HPN concerne surtout les plus de 60 ans et affecterait entre 20 000 et 30 000 personnes. La cause du défaut de résorption du LCR n’est pas toujours retrouvée. Pour au- tant, certaines pathologies peuvent favoriser la survenue d’une HPN, comme les traumatismes crâniens, les hémorragies méningées ou les méningites, lésions de la méninge arachnoïdienne obligent. Enfin, l’HPN est possible dans les suites d’une intervention chirurgicale sur le cerveau.
tRoUBles De la MaRChe
La maladie progresse lentement. Conséquence de l’augmentation de la quantité de liquide dans les ven- tricules : le liquide qui passe dans la substance blanche du cerveau autour des ventricules provoque un cortège de symptômes évo- cateurs. On parle de « syndrome frontal ». Concrètement, la patho- logie se manifeste par des troubles de la marche (début hésitant, en traînant les pieds ou à petits pas) et de l’équilibre (instabilité), sources de chutes. D’autres symptômes doivent mettre la puce à l’oreille, comme des troubles sphinctériens avec des mictions qui deviennent difficilement contrôlables et une incontinence urinaire, mais aussi un syndrome démentiel, diffé- rent de la maladie d’Alzheimer, associant des troubles psychiques, comme un ralentissement psycho- moteur (pensées ralenties et diffi- cultés de mouvements), une mé- moire défaillante, un désintérêt ou encore une indifférence affective.
iRM et sCaNNeR
Comme pour la plupart des hy- drocéphalies, le diagnostic évoqué à l’examen clinique est confir- mé par le scanner et l’IRM qui montrent la dilatation des ventri- cules. On peut aussi diagnostiquer la maladie par un transit isotopique du liquide céphalo-rachidien (vi- sualisation du liquide).
poNCtioN loMBaiRe
Il n’y a pas de traitement de fond. Retirer du liquide par une ponc- tion lombaire améliore les choses (et confirme la normalité de la pression du liquide), mais de façon transitoire. D’où l’intérêt de la valve de dérivation qui per- met de retirer du liquide de façon constante. C’est un petit cathéter (tube creux souple en plastique) destiné à éliminer le LCR dans le péritoine (feuillets viscéraux situés dans l’abdomen) ou dans le tho- rax, régions dans laquelle l’excès de liquide sera facilement résorbé. Attention, cette dérivation s’ac- compagne d’un risque infectieux notable, d’où l’importance d’une surveillance régulière.
Qu’il s’agisse de ponctions lom- baires régulières ou d’une dériva- tion, le traitement doit être le plus rapide possible afin d’être efficace. C’est tout l’intérêt d’un diagnostic précoce.
Dr Daniel Gloaguen
GROSSE TÊTE
Dans le langage commun, on associe trop systématiquement l’hydrocéphalie à l’augmentation du volume crânien, ou macrocéphalie.
Chez les enfants, l’augmentation de volume des ventricules cérébraux refoule les structures cérébrales qui, elles-mêmes, repoussent les os du crâne, très souples et déformables en début de vie.
Rebelle-Santé N° 198 65