Page 10 - Rebelle-santé n° 203 Extrait "Pédagogie Montessori"
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ÉDUCATION
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Quels sont les principes de l’éducation montessorienne ?
Même si l’atmosphère dans les classes traditionnelles a évolué par rapport à l’époque où Maria Montessori élaborait sa pédagogie, l’esprit coercitif est encore d’actualité. Il s’appuie sur une logique de punition/ récompense, sur un système d’évaluation, de compa- raison et de compétition permanentes. Maria Montes- sori luttait contre cela.
Pour elle, chaque enfant devait avoir envie d’ap- prendre ou d’être bon et solidaire, sans que ça lui soit imposé. En d’autres termes, elle préconisait qu’il n’agisse pas pour faire plaisir à un adulte ou en crai- gnant la punition, mais parce qu’il sent que c’est bien pour lui et la communauté à laquelle il appartient. Attention, on ne dit pas non plus aux enfants « Débrouillez-vous par vous-mêmes, vous êtes ca- pables de vous autogérer ». L’adulte accompagne, en laissant de plus en plus d’autonomie à l’enfant, dans la bonne dose, pour le laisser faire quand c’est le bon moment. Pour ça, Maria Montessori misait tout sur le cadre. Elle décrivait cet environnement aussi bien du point de vue matériel que psychique.
L’environnement préparé repose sur trois grands piliers : • la pièce, son aménagement et son atmosphère psy- chologique,
• les adultes qui s’y trouvent, dans une démarche d’observation attentive et d’accompagnement • et le matériel destiné aux enfants, considéré comme une nourriture intellectuelle, mis à leur disposition en fonction de leur désir d’apprendre.
Dans une classe Montessori, une émulsion se crée, les enfants se donnent mutuellement envie. Comme ils ne sont jamais comparés, ils ont envie d’aider spontané- ment, de travailler ensemble.
Combien y a-t-il d’écoles Montessori aujourd’hui en France ?
On compte environ 200 structures privées sous contrat. Pour qu’une école soit Montessori, elle doit remplir certains critères, une classe qui mélange les âges, un professeur formé et un jeu de matériel adapté.
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Depuis plusieurs années maintenant, la pédagogie Montessori se diffuse de plus en plus au sein de l’école publique. Les professeurs des écoles qui le souhaitent se forment, malheureusement sur leurs propres deniers et leur temps personnel. L’AMF (Association Montessori de France) travaille activement, entre autres avec l’association Public Montessori, pour que cela se démocratise. Des levées de fonds sont organisées pour pouvoir prêter du matériel aux professeurs des écoles publiques. Les freins ne sont pas seulement financiers, il faut aussi obtenir l’autorisation d’une classe multi- niveaux. Dans une classe Montessori, les enfants apprennent les uns des autres, chacun à son rythme. Il faut donc rassembler des classes d'enfants âgés de 3 à 6 ans, 6 à 9 ans, 9 à 12 ans.
À quoi correspondent ces fourchettes d’âges ?
Aux étapes du développement de l’enfant qui a, à cha- cune d’elles, des besoins spécifiques. L'enfant a des périodes sensibles décrites par Maria Montessori : des « fenêtres » pendant lesquelles il est à même d’acqué- rir des compétences et des caractéristiques humaines. Elles sont éphémères, mais les compétences qu’elles permettent d’engranger sont définitives. Si la période sensible passe sans que l’enfant n’ait acquis ces com- pétences, ça devient plus difficile pour lui. Il ne faut pas manquer le train, et il est nécessaire d’être très attentif aux appétits d’apprentissage de l’enfant. En revanche, il n’y a pas un âge fixé pour tel appren- tissage. Déterminer l’apprentissage de la lecture à l’année du CP est absurde. En général, les enfants ap- prennent à lire entre 3 ans et demi et 5 ans lorsqu’ils sont exposés à l’écriture. Tout cela dépend de l’enfant, il n’y a pas de retard ou d’avance, de considération en bien ou en mal. Un enfant apprend à lire quand c’est bon pour lui, mais il faut être à l’écoute de ses élans. Dans une classe Montessori, si un enfant de 5 ans ne sait pas encore lire, il n’y a aucune inquié- tude non plus.
Les écoles Montessori ont la réputation d’être des écoles pour les milieux les plus favorisés ?
C’est un préjugé et, depuis l’origine, de nombreuses écoles Montessori s’appuient sur des projets solidaires.
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