Page 9 - Rebelle-santé n° 203 Extrait "Pédagogie Montessori"
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ÉDUCATION
Les formes géométriques
tel ou tel parti ou tel ou tel mouvement. Elle a même gardé une certaine indépendance vis-à-vis du mouve- ment international de l’éducation nouvelle auquel elle prenait part.
Quel nouveau regard pose-t-elle sur l’enfant ?
Son grand discours se résume en cette phrase : « L’enfant est le père de l’Homme ». C’est l’enfant qui construit l’humain et, à travers lui, l’humanité de demain. Elle insistait sur la nécessité de résorber le conflit générationnel induit par le fait que l’adulte cherche toujours à imposer sa vision à un enfant en réalité fait pour affronter un monde qui sera forcément différent de celui d’aujourd’hui. Il faut donc apprendre aux enfants à s’adapter et à créer dans l’avenir. L’ob- jectif montessorien n’a jamais été la réussite scolaire ou les bons résultats, des critères qui paraissent très alléchants pour des personnes qui voient les résultats de cette pédagogie et qui sont attirés pour ces raisons (des enfants qui lisent tôt, qui sont bons en maths...). La pédagogie Montessori n’est pas une pédagogie de la performance. L’important, c’est que les enfants soient bien dans leur peau, qu’ils développent leur propre personnalité pour ne pas être psychiquement déviés de leurs aspirations naturelles, ni complexés, ni frustrés, envieux ou paresseux, mais, au contraire curieux, ouverts sur le monde, adaptables et auto- nomes. L’enfant naît avec le désir d’apprendre, il faut préserver cet élan et cette confiance en soi initiale. Parce qu’ils ne sont pas en recherche permanente d’évaluation ou de reconnaissance, parce qu’ils n’ont pas peur, les enfants Montessori ont confiance en eux et savent qu’ils peuvent faire par eux-mêmes et trouver des solutions.
Il y a plusieurs écoles de pédagogie alternative, pourquoi avoir choisi la pédagogie Montessori ?
Quand j’ai découvert la pédagogie Montessori, je me suis renseignée sur les différentes pédagogies alterna- tives. J’ai hésité avec la méthode de Pierre Faure, ins- pirée de la pédagogie Montessori et adaptée à l’école traditionnelle, mais je ne me voyais pas enseigner dans l’école que j’avais connue enfant.
Il y a beaucoup de points communs entre toutes les approches pédagogiques nouvelles qui donnent à l’enfant un rôle central. Mais il y a aussi des diffé- rences.
Par exemple, chez Montessori, la liberté laissée aux enfants est beaucoup plus cadrée qu’à l’école liber- taire de Summerhill. Maria Montessori considérait que son approche était destinée à éduquer à la liberté en fournissant un cadre structuré dans lequel l’enfant puisse agir librement, mais toujours accompagné. À l’inverse, une liberté donnée d’emblée peut renvoyer l’enfant à sa solitude.
Elle prônait également une approche individuelle et personnalisée de l’enfant alors que, chez Steiner ou Freinet, par exemple, on préconise des approches collectives avec des communautés d’enfants qui dé- cident ensemble, qui votent. Pour Maria Montessori, jusqu’à 6 ans, l’enfant a vraiment besoin de grandir à son rythme individuel. C’est à partir de 6 ans qu’il a un rythme plus communautaire. On remarque que c’est exactement l’inverse dans le système scolaire tra- ditionnel, où les enfants sont traités collectivement à la maternelle, puis individuellement en primaire.
Rebelle-Santé N° 203	45
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