Page 47 - Rebelle-Santé n° 219
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URGENCES
Dr Daniel Gloaguen
SAUVER UN DOIGT SECTIONNÉ
LES BONS RÉFLEXES
Accident du travail, loisir ou bricolage, voire accident sportif... les sections de doigt ne sont pas rares. Les premières minutes sont capitales pour espérer sauver le ou les doigts. Gros plan sur les bons gestes.
Chacun connaît dans son entourage quelqu’un qui a perdu un ou plusieurs
doigts, ou même une phalange. Nos doigts sont en première ligne au travail (menuiserie surtout) et nombre de sections sont liées à des activités de loisirs, qu’il s’agisse de jardinage (tondeuse à gazon), de bricolage (scies et autres objets tranchants) ou d’activités sportives (chutes, moto...).
RÉIMPLANTER
EN MOINS DE 6 HEURES
Du délai entre l’accident et l’in- tervention chirurgicale dépend la réussite de la réimplantation du ou des doigts coupés. Les minutes gagnées valent de l’or. Pour assu- rer la réussite de l’intervention, le doigt doit être réimplanté au maxi- mum 6 heures après l’accident. On doit donc tenir compte du délai de transfert vers un centre de la main ou vers un hôpital dispo- sant du plateau technique et d’un chirurgien compétent. Le recours à l’hélicoptère est parfois nécessaire dès lors qu’il s’agit d’une ampu- tation multiple dans un lieu isolé. Pour autant, au-delà de 6 heures, rien n’est perdu: il faut quand même se rendre dans un centre de la main car des succès de réim- plantation ont été observés même après 90 heures, à condition bien entendu que le fragment sectionné
ait été bien conservé.
NIVEAU DE LA SECTION
Lorsque les premiers gestes de conditionnement du doigt sec- tionné ont été effectués, en qualité
et dans les temps, le niveau de la section détermine ensuite le taux de réussite de la réimplantation. D’après l’Institut de la main, une section nette à la base d’un doigt au- torise une récupération dans 90 % des cas. La réimplantation d’un bout de doigt est plus difficile, avec un taux de réussite de 50%. Enfin, tout dépend de la netteté de la section: un arrachement ou un écrasement sont toujours plus difficiles à traiter qu’une section franche.
LES BONS GESTES PAS À PAS
Devant une section de doigt, il faut garder la tête froide et se préoc- cuper du blessé et du fragment de doigt sectionné :
1. Stoppez l’hémorragie, avec un pansement compressif sur le moi- gnon de doigt. Mieux vaut éviter le garrot qui risque de compromettre la vascularisation ultérieure du doigt au cours de l’intervention. Fort heureusement, les sections de doigts s’accompagnent rarement d’une forte hémorragie car les vais- seaux sectionnés, de petit calibre, se contractent de façon réflexe en quelques minutes.
2.Protégez le moignon. Cette étape peut se faire d’emblée au stade du pansement compressif. Il suffit simplement d’utiliser des compresses stériles ou, à défaut, un linge propre (gant, mouchoir, serviette...). Évitez le coton qui va favoriser le saignement dès qu’il sera retiré.
3. Conservez le bout de doigt sec- tionné. C’est bien souvent là que se situent les erreurs. Il ne faut sur- tout pas recouvrir le fragment de glaçons, comme on le voit souvent dans les films, mais simplement le mettre dans un sac en plastique, le tout posé sur un lit de glaçons afin de limiter la dégradation des tissus. En effet, en cas de contact direct, ou si le fragment est enfoui au milieu de glaçons, le doigt risque d’être « brûlé » par le froid, les vais- seaux s’avérant alors impropres à la revascularisation.
4. Enfin, et seulement lorsque les étapes précédentes ont été effec- tuées, contactez le 15 pour la mise en place d’un transfert rapide vers un centre de la main.
Dr Daniel Gloaguen
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