Page 63 - Rebelle-Santé n° 219
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QUEL BILAN DEVANT DES APHTES
QUI RÉCIDIVENT UN PEU TROP SOUVENT ?
Un petit cratère jaunâtre et douloureux sur la muqueuse de la bouche ?
Il s’agit probablement d’un aphte, autrement dit une petite ulcération bénigne. Quand faut-il s’inquiéter ?
EXAMENS
Dr Daniel Gloaguen
L’aphte est une pathologie fré- quente. Très rares sont ceux qui échapperont à cette petite
ulcération de la bouche. Il suffit tout simplement d’une blessure avec la brosse à dents ou d’une morsure en mastiquant. Chez cer- tains, ils surviennent en mangeant des aliments un peu durs (croûte de pain, coque d’un fruit sec, gres- sins...) qui vont endommager la muqueuse. Pour d’autres enfin, c’est le port de prothèses dentaires qui est en cause.
UNE ULCÉRATION BÉNIGNE
L’aphte se manifeste sous la forme d’un petit cratère à fond jaunâtre cerclé par un liseré rouge inflam- matoire. Il est bénin et ne s’accom- pagne d’aucun effet secondaire autre que la douleur qui peut per- sister plus d’une semaine, mais peut être responsable parfois d’une anorexie passagère liée à la diffi- culté à s’alimenter, notamment s’il est situé au fond de la gorge.
DES ALIMENTS À RISQUE...
Outre les aliments durs, certains contacts alimentaires exposent
tout particulièrement aux ulcéra- tions, comme le gruyère et les fro- mages à pâte dure, les fraises, les bananes, les noix et les noisettes, les agrumes, les épices, l’ananas ou les amandes. Aucun bilan n’est donc nécessaire lorsque les aphtes disparaissent lors de l’éviction ali- mentaire
... AUX DÉFICITS DIVERS
Lorsque les aphtes se prolongent pendant plus de 3 semaines ou récidivent en dehors de toute bles- sure ou d’alimentation à risque, c’est vers un déficit immunitaire qu’il faut d’abord se tourner avant d’envisager d’autres pathologies (voir encadré). En effet, les aphtes surviennent alors plus facilement lors des épisodes infectieux, en cas de stress, de fatigue, de fièvre, de surmenage et en période de règles. Il peut s’agir également d’une ca- rence alimentaire. Un bilan san- guin peut donc être nécessaire à la recherche d’une perturbation des globules blancs, mais aussi d’un déficit en fer, en zinc, ou en vita- mines du groupe B (1,2,6,9,12).
TRAITEMENT
Quand il est isolé, un aphte ré- gresse en une dizaine de jours. Le traitement comporte des bains de bouche. L’application d’aspirine effervescent à même l’aphte ou d’un gel anesthésique permet de mieux supporter la phase aiguë où tout contact alimentaire est dou- loureux et réveille la brûlure. En cas d’aphtes multiples, étendus ou récidivants, des antibiotiques (té- tracyclines) peuvent être indiqués. En prévention, il faut choisir des aliments riches en vitamine B (cé- réales complètes, abats, œufs), en zinc et en fer. Enfin, il faut observer une hygiène bucco-dentaire stricte et ne pas se brosser les dents de fa- çon trop rapide ou brutale. Optez pour des brosses à dents souples.
Dr Daniel Gloaguen
PIÈGES DIAGNOSTIQUES
Certaines pathologies peuvent s’accompagner d’aphtes ou d’ulcérations similaires comme :
• Le sida (HIV)
• Les cancers buccaux
• La maladie cœliaque (intolérance au gluten)
• Les mycoses
• Certaines infections virales (Epstein-Barr, cytomégalovirus, virus coxsackie...) ou bactériennes (gonococcie, syphilis, mycobactérie...)
• La maladie de Behçet, une maladie génétique où les aphtes sont récidivants
ou multiples et peuvent concerner également la sphère génitale.
AUTRES CAUSES
• Tabagisme
• Certains médicaments (AINS, bêtabloquants, antisécréteurs gastriques...)
• Toxicomanie à la cocaïne
• Traitements hormonaux
• Conservateurs alimentaires (acide benzoïque)
• Certains dentifrices.
Rebelle-Santé N° 219 63


































































































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