Page 55 - Rebelle-Santé n° 210
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URGENCES
LA RÉTENTION AIGUË DES URINES
OU QUAND URINER DEVIENT IMPOSSIBLE
La rétention aiguë des urines correspond à l’impossibilité d’uriner malgré l’envie pressante. La vessie, pleine, devient douloureuse.
«J’ai très envie d’uri- ner, mais j’ai beau "pousser", rien ne sort. J’ai de plus en plus mal ». La rétention aiguë des urines (RAU) fait partie des diagnostics faciles à poser par le patient comme pour le médecin. La simple gêne liée à l’envie fait vite place à la douleur, puis, si rien n’est fait, à une menace pour les reins. D’où l’intérêt de la prendre en charge le plus
rapidement possible.
PETIT RAPPEL ANATOMIQUE
Difficile de comprendre le méca- nisme de la RAU sans revenir sur les principes de la miction. Sché- matiquement, les deux reins syn- thétisent l’urine en filtrant le sang et ce, 24 heures sur 24, sans interrup- tion. L’urine correspond alors à de l’eau dans laquelle on retrouve les fameux « déchets » de l’organisme. Plus que d’évacuer les déchets, il s’agit en réalité pour les reins de maintenir les différents compo- sants du sang (oligo-éléments, minéraux, etc.) dans une propor- tion stable. Ils éliminent tout ce qui est en excès.
Une fois émise par les reins, l’urine s’écoule vers la vessie grâce à deux canaux, les uretères.
MICTION IMPOSSIBLE
La vessie se compose d’une paroi musculaire contractile. À partir d’un certain niveau de remplis- sage, la miction devient néces- saire. Si uriner s’avère impossible, de façon volontaire ou par un phé- nomène obstructif, la vessie conti- nue quand même à se remplir. La
pression augmente. Plusieurs évo- lutions sont possibles : Lorsque la pression dépasse un certain niveau, les urines vont être émises par l’urètre, en force, au goutte à goutte ou en faible jet, de façon insuffisante pour soulager le patient ou laissant une désagréable impression de vidange incomplète. La pression intravésicale peut retentir sur le fonctionnement ré- nal et « bloquer » les reins avec un risque d’insuffisance rénale. Si elle se prolonge, la stase uri- naire va favoriser les infections.
GLOBE VÉSICAL
Outre l’impossibilité d’uriner, la RAU se manifeste par l’apparition d’un globe vésical, une masse ar- rondie située au-dessus du pubis, facilement identifiable car mate à la percussion et surtout, doulou- reuse à la palpation.
ADÉNOME DE LA PROSTATE EN PREMIÈRE LIGNE Si la RAU est possible chez la femme, elle demeure plus fré- quente chez l’homme en raison de la fréquence de l’adénome de la prostate, qui agit comme un garrot à la sortie de la vessie, à la naissance de l’urètre. Gare à la
rétention, un jour ou l’autre, lorsque les premiers signes de l’adénome surviennent.
SONDAGE OU PONCTION
Sans surprise, traiter la cause (voir encadré) permet de limiter le risque de RAU. Mais, quand elle survient, seule la ponction des urines permet de vider la vessie et donc, de diminuer la dou- leur.
Deux solutions sont pos- sibles :
La pose d’une sonde urinaire, souple ou à bec rigide, par voie basse (sonde de Foley), en passant par l’urètre donc.
 Ou, en cas d’échec, la mise en place d’un cathéter dit « sus- pubien », qui consiste à introduire une petite aiguille dans la vessie, après une anesthésie locale, afin d’évacuer les urines de façon plus rapide et radicale.
Dr Daniel Gloaguen
AUTRES CAUSES DE RÉTENTION
 Traitements (psychotropes, dérivés morphiniques...)  Intoxication alcoolique aiguë  Caillot
 Diabète  Fécalome (matières fécales solidifiées dans le rectum)  Calcul urinaire  Après une anesthésie  Lésion de la moelle épinière  Rétrécissement du col de la vessie (embouchure de l’urètre)  Cancer de la vessie ou de la prostate  Infection urinaire.
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Dr Daniel Gloaguen


































































































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