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SOCIÉTÉ
Extraits du "kit 1 de survie". Depuis la rédaction de cet article, un kit 2 a été créé, permettant la mise à jour des données.
ainsi différents types d’études, qui n’apportent pas le même niveau de preuves. Il faut aussi se méfier quand on transpose ou qu’on extrapole les résultats d’une étude : établir qu’une molécule fonctionne en laboratoire ne signifie pas qu’elle fonctionnera chez l’humain, de même pour ce qu’on observe chez les animaux. Sur mon blog, j’invite le plus possible à prendre du recul sur certains résultats, j’essaye d’aborder des sujets controversés ou politisés avec une approche plus scientifique, un ton plus calme, où la question n’est pas d’être pour ou contre, mais de rendre compte de ce que les résultats des études disent, ce qu’on peut en interpréter mais aussi ce qu’on ne peut pas en conclure.
Que pensez-vous du traitement médiatique de l’information scientifique avec la crise sanitaire ?
Il y a forcément différents niveaux de traitement, mais la plupart des médias qui cherchent à faire de l’audience diffusent des informations scientifiques déformées ou parcellaires. Ce parti pris sensationna- liste est amplifié avec les réseaux sociaux, où l’infor- mation est vite transformée en rumeur. Il est indis- pensable de prendre du recul pour faire face à toute
la masse d’information disponible, en se posant des questions :
Quelle est la source de cette information ? Quelle est sa fiabilité ? Est-ce qu’il y a un conflit d’intérêts ? Est-ce que l’article cherche à me faire éprouver une émotion, de la colère ou de la surprise ? En réalité, la plupart des gens s’informent désormais sur les ré- seaux sociaux, ou tapent des mots-clés dans Google. À côté, les chercheurs ne communiquent pas suf- fisamment sur leurs travaux à destination du grand public. Sur les sites institutionnels de Santé publique France, l’ANSES ou encore la FAO (Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture), on trouve des articles assez clairs, mais comme peu de gens connaissent ces organismes, qui ne sont pas non plus sur les réseaux, personne ne va sur leurs sites, excepté les gens qui travaillent dans l’agro- alimentaire. J’ai travaillé deux ans au ministère de la santé belge (Service Public Fédéral Santé) sur la politique de sécurité alimentaire en Belgique et au sein de l’Union Européenne. J’y ai étudié les additifs alimentaires et les contaminants environnementaux qu’on peut retrouver sous forme de résidus dans les aliments. C’était passionnant mais on ne communi- quait pas assez.
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