Page 36 - Une vie, ma vie, mon parcours
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Le voyage - les corons
"I terroni", ce terme élogieux dans les siècles passés
(propriétaires terriens), est devenu très péjoratif après
l'industrialisation du nord de l'Italie. Il en est resté l'image
des gens de la terre qui "gardent des moutons".
Pour notre famille, c'était légèrement différent, car mon
grand-père paternel avait travaillé aux Etats-Unis et mon
oncle paternel avait un peu voyagé pendant son service
militaire en Lybie. Ils avaient, presque naturellement, une
autre manière de se comporter.
En mars-avril 1945, une cousine de ma grand-mère
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maternelle vint la trouver pour la sensibiliser au fait que
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ma mère venait d'avoir 16 ans. Elle lui expliqua, sans détour,
que le temps était venu de penser à son avenir, c'est-à-dire à
son mariage. Elle lui parla de mon père qui avait 17 ans en
précisant qu'il était en très bonne santé, que c’était un gentil
et surtout courageux garçon. Ma grand-mère l'a écoutée,
mais n'a rien décidé sur le moment.
Après quelques semaines, c'est la femme de mon oncle
paternel qui vint lui expliquer les mêmes choses et que cela
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pourrait faire un beau (bon) mariage. Ma grand-mère s'est
bornée à répondre qu'elle allait en parler à son fils , car
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c'était lui qui prenait les décisions importantes. Elle en parla
aussi à son frère , un homme qui a toujours suscité
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beaucoup de respect de la part des gens du village. Après
quelques jours de réflexion, ils donnèrent tous les deux leur
accord de principe pour le mariage.
28 Naninna
29 Nonna Rosina
30 Zia Virgilia
31 Le fils aîné avait déjà quitté la maison et vivait à Vasto.
32 Giuseppe (pour nous, zio Peppe)
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