Page 31 - Penser et faire son son enseignement V1
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 1 - Selon l’activité, la discipline, comment aider les élèves à développer une pensée complexe face à un problème et ne pas tomber dans le piège du réductionnisme ou d’une réflexion simpliste ?
2 - Comment créer chez l’élève le besoin de connaissances nouvelles pour répondre au problème posé ou comment rendre nécessaire l’acquisition de nouvelles connaissances et compétences pour répondre au problème posé ?
3-Quelle est la situation ou l’exercice qui va engager le mieux l’élève dans l’apprentissage visé ?
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4 - Comment accompagner les élèves dans la posture, la construction et la résolution d’un problème posé ?
Apports
de la recherche
Le cadre conceptuel de la problématisation, développé par Michel Fabre (1993), présente une manière de penser l’enseignement et l’apprentissage. Il associe les acquisitions à la construction des problèmes. Ici, les élèves prennent en charge individuellement ou collectivement leur propre projet d’apprentissage. Pour cela, ils s’approprient le problème, ils en déterminent un jeu de questionnement, pour envisager ensuite des pistes de réponses. C’est un cheminement. Il n’y a donc pas de relation directe et univoque entre le problème et la réponse.
Qu’est-ce que problématiser ?
Problématiser, c’est développer un questionnement qui vise à identifier toutes les facettes d’un problème (position), à les mettre en tension (construction) en vue de le résoudre (résolution). Ces trois phases (position, construction, résolution) ne se succèdent pas forcément dans le temps. Il s’agit plutôt de faire des allers-retours permanents entre des solutions possibles, des remises en question des déterminants du problème et des reformulations du problème posé.
La fonction du problème est donc de créer une crise du savoir, un décalage entre ce que sait faire l’élève et les exigences de la tâche. C’est la complexité du contexte qui place l’élève face à des dilemmes, des controverses, ou des énigmes, et qui le poussent à réaliser des choix, des hypothèses d’actions. Michel Fabre a modélisé le processus de problématisation dans le schéma suivant en distinguant les dimensions de position, construction et résolution du problème.
Ce losange détermine l’espace de réflexion à l’intérieur duquel les élèves et l’enseignant vont cheminer. L’axe horizontal (en pointillé) représente en quelque sorte la dimension pragmatique de la problématisation dans la mesure où, il relie le problème à la solution, en se traduisant par des tentatives de réponses ou des pistes de solutions. L’axe vertical, pour sa part, représente la dimension plus théorique de la problématisation à travers la mise en tension consciente des déterminants du problème : on les appelle les “données” et les “conditions”.
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Exemple de problématisation par Michel Fabre.
Problématiser l’activité des élèves
Entre données et conditions
Selon l’auteur, les données d’un problème ont un statut de contraintes, de ressources ou de contradictions. Elles sont des informations factuelles, réelles, peu discutables sur lesquelles la mise en tension du problème peut s’identifier. Les conditions, quant à elles, sont des nécessités dont il faut absolument tenir compte pour construire ou résoudre le problème. Elles peuvent être des principes, des concepts voire des algorithmes qui tendraient à conceptualiser la mise en relation des données. Ces données et les conditions du problème sont à reconstruire par les intéressés qui les vivent. Elles peuvent évoluer au grès de l’avancée de la réflexion ou des tentatives en acte. C’est la mise en relation des données et des conditions d’un problème qui traduit une partie de l’activité de problématisation des élèves : le savoir est mis en énigme. Ces mises en tension (données, conditions) permettent à l’élève d’émettre des hypothèses de solutions qui seront ensuite testées pour être modulées.


















































































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