Page 32 - Penser et faire son son enseignement V1
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Il convient de retenir que les élèves doivent vivre des expériences pour comprendre pourquoi ils réussissent, ou ils échouent. C’est par une alternance de mises en situations et de mises à distance de la situation que les élèves pourront développer une activité à même de transformer significativement leur comportement ou leurs représentations rapportées au savoir à construire. L’approche collective du problème peut alors être envisagée comme un catalyseur des apprentissages pour les élèves.
Une conception de l’enseignement basée sur la problématisation reposerait sur l’idée que les savoirs sont intégrés en connaissances par les élèves, parce que ces derniers en font véritablement l’expérience, et que cette expérience est active et non subie. “Toute leçon est une réponse à une question que les élèves se posent” disait J. Dewey. Autrement dit, les savoirs ne doivent pas être imposés, mais ils émergent parce qu’ils sont nécessaires à un moment donné. (Cf. Fiche Faire émerger les besoins des élèves). Ce qui importe, c’est que les élèves construisent eux- mêmes la relation entre le problème et la solution, et que cette relation ne soit pas réalisée par un tiers. Ainsi, le groupe et les interactions sont à considérer comme des ressources dans la construction du savoir.
Ainsi, la démarche de problématisation invite les enseignants à explorer les savoirs qu’ils enseignent, à chercher ce qui les a fondés, à les rendre vivants afin de les faire redécouvrir aux élèves. Une pédagogie et une didactique de la problématisation pourrait consister à “rendre nouveau des savoirs anciens” (Meirieu 2017).
Dans toute discipline, les savoirs ne sont pas seulement de l’ordre des réponses des élèves attendues par l’enseignant, mais ils sont aussi les opérations qui permettent d’y accéder. Ils sont le résultat d’un processus de reconstruction individuelle et collective, qui est le fruit de mises en relation entre les données, les conditions, voire les solutions du problème posé. L’enseignant accompagne alors l’élève dans la construction de ses connaissances.
Il convient de rappeler que tout n’est pas à problématiser. L’enseignant doit flécher ce qui lui semble essentiel, ce que l’élève doit absolument apprendre à l’issu de la séquence d’enseignement. Enseigner par problématisation suppose la mise en place d’une démarche pédagogique et didactique ouverte dans laquelle le problème est dévolue à l’élève. Par le jeu des consignes, l’élève est enrôlé dans la tâche et cherche une réponse optimale au problème posé. Cette démarche donne ainsi la possibilité à chaque élève de construire des connaissances personnelles, répondant ainsi à la dimension éthique de la problématisation qui tente de respecter chaque élève, son rythme d’apprentissage, son potentiel cognitif, moteur et affectif.
Pour résumer, la démarche conceptuelle repose sur trois principes:
• donner du temps aux élèves pour qu’ils s’approprient le problème posé, le questionnent, débattent, explorent les possibles, modulent leurs réponses, valident, invalident leurs propositions ;
•donner de la matière à discuter en nourrissant les échanges par des questions ou des aménagements matériels ou non ;
• donner du sens aux apprentissages en considérant que la fonction du problème est de déclencher une crise de savoir entre ce que l’élève sait et ce qu’il ne sait pas encore. Le savoir devient alors une réponse à une question ou un besoin.
Si la démarche d ‘apprentissage par problématisation trouve son origine dans la didactique des disciplines, d’autres auteurs s’essaient à une réflexion selon un focus différent. En effet, la démarche de problématisation peut s’envisager aussi comme un apprentissage de la socialisation et du vivre ensemble par l’appropriation de compétences psychosociales définies par l’OMS (1993), accompagnés de compétences telles que savoir résoudre des problèmes / savoir prendre des décisions, avoir une pensée créatrice, avoir une pensée critique, savoir communiquer efficacement, être habile dans les relations interpersonnelles, avoir conscience de soi, avoir de l’empathie pour les autre. Elle permet également de vivre et d’expérimenter pleinement le principe de laïcité engageant la neutralité et le respect de l’autre. Le savoir est ainsi distingué du croire dans la construction de cette pensée raisonnée. La problématisation est ainsi au service d’un riche parcours de progrès des élèves.
Dans ce sillage, l’apprentissage de la pratique des langages écrits ou parlés devient un apprentissage explicite où le questionnement est exploité afin de construire les savoirs de façon raisonnée. En effet, la problématisation, dans un contexte collectif, nécessite la pratique du langage oral, mais également celle d’un langage écrit. La problématisation permet ainsi de riches apprentissages langagiers, non seulement menés pour eux-mêmes mais conduits au service d’une haute ambition humaine : la pensée. La question pédagogique de leur consolidation peut, selon les situations, les élèves et l’intention du professeur, être retenue lors de moment de problématisation. La richesse de la langue est explorée via les contraintes de la pensée qui elle-même se nourrit de celles du langage. L’enjeu d’une appropriation de savoirs langagiers solides et rigoureux s’impose aux élèves.
réponse
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Éduquer les élèves au sens de la complexité suppose de leur apprendre à exercer leur esprit critique, de les entraîner à la pensée non-dogmatique en développant une vision écologique de la réalité, par l’utilisation par exemple d’approches inter et transdisciplinaires.
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“Élève acteur et la problématisation” vidéo “Ma tante à chiens, ou comment construire des compétences langagières écrites ou orale grâce à la problématisation”.
Problématiser l’activité des élèves