Page 24 - 2007 JUne Tajan auction of Asian Art
P. 24

EXCEPTIONNEL PLAT DE L’ÉPOQUE YUAN (1279-1368)

En 1279, les Yuan arrivent au pouvoir. Ils sont d’origine mongole, de la lignée de Genghis Khan, lequel
fédéra une grande partie de l’Asie pour former un vaste empire. Ce dernier absorbe la Chine, qui dis-
paraît en tant que nation pendant près d’un siècle. Les nouveaux dirigeants, écartant l’élite chinoise,
font appel à de nombreux étrangers pour gouverner le pays. Le commerce est en pleine expansion.
La Route de la Soie est à nouveau praticable, et la route maritime par le Golf Persique et la Mer Rouge,
bien plus sécurisée.
Dans ce contexte, la conjonction de plusieurs éléments va favoriser l’essor d’une porcelaine assez
révolutionnaire par rapport à la très sobre céramique prisée par la cour et les dignitaires de la dynas-
tie précédente
D’une part, les souverains Yuan, quoique favorable au développement de l’artisanat, n’imposent pas
leur patronage direct. Les artisans potiers disposent ainsi d’une assez grande liberté dans l’élabora-
tion des formes et des décors.
D’autre part, la présence, dans les ports du sud de la Chine, de communautés persanes et arabes,
joue un rôle fondamental. Ces marchands, qui vont dominer le commerce avec l’Occident, apportent,
entre autre, du minerai de cobalt venant de Perse. Ils sont en contact avec un des principaux centres
de production céramique de l’époque, Jingdezhen, au Jiangxi.
Or, le Moyen-Orient apprécie et produit depuis longtemps de la céramique décorée en bleu de cobalt
sur fond blanc. Mais cette céramique est de qualité moyenne, le matériau est souvent poreux et friable.
La porcelaine chinoise, quant à elle, permet d’obtenir des pièces plus solides. Et au-delà même de
leur qualité esthétique, c’est essentiellement l’aspect pratique de ces porcelaines, denses et résis-
tantes, qui les fit tant apprécier au Moyen-Orient.
Ainsi, sous l’influence des marchands, les potiers chinois, privés du patronage impérial et avides de
nouveaux débouchés pour leur production, ont adaptée cette dernière aux us et coutumes de leur
nouvelle clientèle. Forts d’un grand savoir faire, les artisans de Jingdezhen sont probablement assez
rapidement parvenus à une production de très haute qualité.
C’est ainsi que l’on voit apparaître des pièces de plus grandes dimensions, façonnées dans une por-
celaine compacte, dure et épaisse. Elles sont ornées d’un décor foisonnant, quoique structuré,
mariant des éléments décoratifs orientaux à des motifs plus typiquement chinois dans une exécution
assez libre qui plaît au goût oriental.
Rien de surprenant, donc, à ce que les deux plus importantes collections de bleu-et-blanc chinois se
trouvent au Moyen-Orient, l’une à Téhéran, l’autre à Istanbul.

                                                                                                                                                                                                             21
   19   20   21   22   23   24   25   26   27   28   29